Marie-Pierre Cournot : Ruth, la pourvoyeuse de vie

Marie-Pierre, qui es-tu ?

Ma mère, en me donnant la vie, m’a aussi donné le protestantisme réformé. Je me suis toujours sentie accueillie dans la paroisse à côté de chez nous où elle était très engagée. Dès l’enfance, les récits bibliques m’ont attirée et questionnée. J’ai toujours pensé qu’ils avaient autre chose à transmettre que juste des histoires que je trouvais irréalistes et absurdes. J’ai fait des études de médecine et exercé la médecine pendant une vingtaine d’années à l’hôpital tout en m’investissant de plus en plus dans la paroisse et la vie de l’Église.

Quand j’ai eu l’impression que l’exercice de la médecine ne me questionnait plus, je l’ai quitté pour entreprendre des études de théologie. Quelques années après, je suis devenue pasteure, dans une paroisse parisienne de l’EPUdF. Une paroisse en pleine expansion qui rassemble des personnes en questionnement, en particulier autour des textes bibliques et des façons que ces textes ont de nous parler, d’enrichir nos vies et de les ouvrir à autre chose que nous-mêmes.

Pour(-)quoi ces conférences de carême ?
Les conférences du carême protestant existent depuis bientôt un siècle, à l’initiative du pasteur Marc Boegner, à l’époque pasteur de la paroisse de Paris-Annonciation. Cette paroisse continue de coordonner ces six conférences, assurées par un ou une pasteur·e différent·e chaque année, diffusées sur France Culture puis éditées par Olivétan.
Lorsque la paroisse de Paris-Annonciation m’a sollicitée pour assurer les conférences de carême cette année, j’ai tout de suite été intéressée par cette possibilité de toucher un public large sur une radio nationale à vocation culturelle, qui aborde un éventail de sujets très variés, allant de la vulgarisation à l’expertise pointue.
Annoncer l’Évangile et l’événement de Pâques d’une façon compréhensible par le plus grand nombre, sans en affadir le message, a toujours été l’objectif premier de mon ministère pastoral. Et je dois dire qu’un des retours les plus fréquents qui m’a été fait après ces conférences de carême est « Merci, j’ai tout compris ! ». Je prends cela pour un compliment !

Quelle est l’histoire de ces conférences, de cette relation avec Ruth ?
J’ai rencontré Ruth, son histoire et son livre il y a dix ans, quand j’ai  commencé à enseigner l’hébreu biblique à l’Institut protestant de théologie à Paris. Le livre de Ruth était au programme, je me suis donc mise à le traduire et je ne l’ai plus jamais quitté. J’ai été fascinée par la puissance de ce court récit, par sa façon de paraître n’être qu’un gentil petit récit, celui d’une gentille belle-fille obéissante, alors qu’il travaille des sujets aussi essentiels et actuels que la mort, la transmission, l’identité, l’autorité, la place des femmes, celle des étrangers, l’exclusion, la pauvreté… Le livre de Ruth nous parle de nous, de notre époque, de nos vies, sans nous donner de règles ni de solutions, mais en nous faisant réfléchir et nous questionner. Ruth négocie sa vie, la vie, la nôtre, au milieu de toutes les injonctions contradictoires, de ses désirs et de ses valeurs. Elle nous aidera à construire notre identité, celle d’enfant de Dieu. Elle rend pertinent et incarné le message que le Christ reprendra quelques siècles après, celui de l’universalisation de l’alliance de Dieu.

Vous pourrez retrouver les conférences de carême 2025 sur le site d’Olivétan : editions-olivetan.com