La vertu dangereuse. Les entreprises et le piège de la bien-pensance

Julia de Funès, Éditions de l’Observatoire, 2024, 224 p., 21 €
La philosophe Julia de Funès propose d’aborder 35 items liés au monde du travail et à la bien-pensance qui s’y greffe, du consentement à la pensée positive en passant par le sens du travail. À chaque chapitre, trois temps : un préalable bien-pensant issu de l’opinion, que l’intelligence artificielle pourrait générer tant cet attendu est d’un creux abyssal ; une lecture critique ; une ouverture constructive.
Si l’on pense être épargné par les sujets abordés, il est sûr que nous trouverons mordants, dérangeants l’un ou l’autre item qui nous concerne directement.
L’auteure, avec des mots percutants, s’offusque de cette bien-pensance qui se transforme en dictature de la vertu et rate ainsi l’objectif d’inclusivité qui pouvait être visé.
Elle repose judicieusement la différence entre justice et morale, équité et égalité (et son dérivé, l’égalitarisme, où tout se vaut, tous se valent et donc plus personne ne vaut rien). Elle nous rappelle qu’autorité n’est pas un gros mot et, avec humour, remet à leur place tous les coachs (autoproclamés) du bien-être, du développement personnel et autres directeurs des « richesses » humaines.
Un ouvrage qui se laisse dévorer et nous invite à toujours un peu plus de pensée critique.
Tout plaquer. La désertion ne fait pas partie de la solution mais du problème
Anne Humbert, Le monde à l’envers, 2023, 72 p., 5 €

Anne est ingénieure et s’interroge sur le rôle, la formation des ingénieurs aujourd’hui. Chaque année, ils sont près de 50 000 à s’inscrire en école d’ingénieurs (pendant que 8 400 entrent en deuxième année d’études de santé). Alors, au moment du Covid, ils étaient nombreux à s’interroger et à déserter. À s’installer à la campagne et à importer les méthodes, le management de l’industrie, de l’ingénierie dans leur nouvel environnement rendant dépassés leurs nouveaux collègues des champs.
L’auteure, dans cet essai, insiste sur l’importance de changer les règles de l’intérieur, de remettre du sens là où on est. Elle en est persuadée : la fuite, la désertion professionnelle n’est pas la solution.
