Traîner à la cité

Lorsque j’étais enseignante à Auxerre, l’une de mes classes, une classe de cinquième, comptait presque exclusivement des enfants de la cité voisine du collège. À la fin de l’année, lorsque je leur demandai ce qu’ils comptaient faire pendant l’été, j’obtins pour toute réponse : « traîner à la cité ». « Moi j’irai peut-être un peu à la piscine, des fois », avait osé l’une des filles. L’infirmière de l’établissement nous disait que parmi ces enfants, certains arrivaient au collège sans avoir déjeuné le matin.

Aujourd’hui, selon l’Insee, 10% des enfants ne partent pas en vacances, parce que leurs parents n’en ont pas les moyens, et parce que certains se privent déjà eux-mêmes pour subvenir aux besoins du quotidien. Si les fondateurs des colonies de vacances, protestants, ont mis l’accent sur la santé des enfants – en plein XIXe siècle, c’était primordial – il faut mesurer aujourd’hui le sentiment d’injustice et de cantonnement aux marges de la vie ordinaire que nourrissent ces enfants qui, tout l’été, vont « traîner à la cité » parce que leurs parents sont pauvres.

 

Associations, organismes religieux ou d’éducation populaire continuent de les aider à aller respirer ailleurs, à découvrir des gens et des endroits différents de ceux qu’ils connaissent : un bol d’air nécessaire pour ne pas se sentir condamné et juste bon à « traîner à la cité ».

 

Sommaire de Ensemble n°403 (juillet-août 2025)

 

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