Renaissance d’une communauté
Au XVIe siècle le protestantisme semble peu implanté à Roubaix contrairement à ses voisines Tourcoing et Mouvaux. Il faut attendre la forte expansion industrielle du XIXe siècle. La population de Roubaix augmente alors de manière explosive. Parmi les “?nouveaux venus?” arrivent des protestants des Pays-Bas, de l’Angleterre, de l’Est de la France. En 1865, un terrain rue des Arts est acheté. Par une généreuse contribution d’Isaac Holden, industriel d’origine britannique, les travaux peuvent commencer. L’entrepreneur a déjà financé la construction du temple de Croix, aujourd’hui disparu, de même que celui de Reims. C’est à l’architecte de la famille J.-J. Schulthess qu’est confié le projet. D’autres entrepreneurs livrent le bois qui marque le décor intérieur, fournissent des matériaux et de la main d’œuvre. L’État, le département et la ville de Roubaix accordent des subventions. Après l’inauguration en 1871, des cultes en français, anglais et néerlandais sont célébrés. Mais l’intégration progressive des immigrés fait disparaître graduellement les services en langues étrangères. D’illustres pasteurs ont passé des années ici, Élie Gounelle, incarnation du christianisme social, Freddy Durrlemann fondateur de La cause, Marcel Pasche Juste parmi les nations. L’actuelle pasteure Sandrine Maurot œuvre à rendre la paroisse plus inclusive.

Le temple et son décor intérieur
Le temple, en retrait par rapport à la rue des Arts, est flanqué de la maison du pasteur à gauche et de l’espace paroissial à droite. L’architecte a donc conçu un espace construit harmonieux. La façade dans le style néo-roman arbore le clocher, un linteau avec les tables de la loi, une grande rosace et même des meurtrières vitrées. L’intérieur est coiffé d’une voûte en plein-cintre de bois. Une tribune en chêne supportée par des colonnes en fonte ceinture l’ensemble du temple unifiant tout l’espace. Le bois joliment décoré de sobres reliefs sculptés est omniprésent. Les grandes fenêtres à vitraux colorés procurent une luminosité chaleureuse. La chaire se dresse au centre, encadrée de deux escaliers à vis. Il n’y a ni images, ni statues, mais un orgue baroque.

Propriétaire pour le meilleur et pour le pire
À la suite du vote de la loi de séparation des Églises et de l’État, l’Église réformée de Roubaix se constitue en association cultuelle. La démarche est classique mais la communauté souhaite rester propriétaire du bâti. La paroisse est alors riche mais au fil du temps, être propriétaire s’avère être une charge de plus en plus lourde. Aucune réhabilitation d’ensemble n’est faite jusqu’à l’apparition des premiers problèmes. En 2009 la charpente est traitée en urgence après la découverte du mérule. Le clocher du temple se dégrade au point d’être au bord du péril. Retenu par la Mission Bern, pour la sauvegarde du patrimoine, il participe au loto du patrimoine. Le clocher et sa couverture en écailles de zinc sont restaurés. La façade est nettoyée. Le temple retrouve son lustre d’antan.
