C’est un temps assez organisé parce que nous ne pouvons pas nous permettre de déborder : nous avons toutes et tous une journée de travail devant nous, des horaires à respecter ; donc cela ne dépasse pas une demi-heure.
Pour nous guider dans ce temps – et peut-être parce que nous ne sommes pas tout à fait réveillés – nous nous appuyons sur un livret liturgique fortement inspiré par celui d’une communauté protestante (pour être honnête, je ne me rappelle pas laquelle). Avant le début de la séance, la salle est préparée pour instaurer un climat propre au recueillement (Bible et bougies, notamment), puis nous choisissons ensemble les deux cantiques qui seront chantés durant le temps de prière. Ce temps de prière en lui-même est très liturgique : prières antiphonées et répons. Il y a aussi deux lectures bibliques, deux temps de paroles libres (méditation biblique et intercession) ainsi que les deux cantiques déjà évoqués.

À l’heure où les cygnes annéciens sont encore pris dans les brumes nocturnes,
quelques protestants se réunissent pour prier au temple
© Maxence Pira – Unsplash
Pourquoi proposer ce temps le matin plus qu’en fin de journée comme il est d’usage ? D’abord parce que j’aime bien me distinguer et puis il y a un côté héroïque à la chose : il n’est qu’à voir la tête de mes collègues lorsque je leur annonce que j’ai mis un tel temps en place ! Plus sérieusement, j’avais l’expérience de cette pratique lors de mon stage pastoral et j’en avais apprécié l’ambiance particulière ; je l’avais même mis en place dans mon premier poste. Le temps se poursuivait même par un café-croissants pour ceux qui en avaient le temps. Le temps de prière du matin change la perspective même de la prière : elle est alors tournée vers la journée qui s’ouvre devant nous et qui sera ainsi portée par cette demi-heure mise à part dans la semaine. Particulièrement en période hivernale, l’arrivée au temple dans l’obscurité matinale donne une teinte particulière à l’ambiance de ce moment de partage. Avec un peu d’humour, se réunir pour prier le matin, c’est se réveiller dans la prière plutôt que de s’y assoupir.
Témoignage de Martine
J’ai toujours été convaincue que la prière est un temps indispensable de la vie chrétienne, et que le partage de ce moment dans l’unité, avec des frères et sœurs, fortifie et apaise (là ou deux ou trois, etc.). Mais entre la conviction et l’action, il y a souvent un décalage, et les excuses sont nombreuses pour ne pas se mettre en route. Ainsi, le moment de prière du mercredi en début de soirée ne me convenait pas, car ne correspondait pas à mes obligations professionnelles… Mais je n’ai pas trouvé d’excuses pour ne pas participer à ce moment de prière le matin. Au contraire, le désir de commencer la journée par une démarche de prière l’a emporté sur toute autre considération.
Comme le dit le psalmiste : « O Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube » (Psaume 63), alors, en route ! même si je ne suis pas encore vraiment connectée (le temps du café a été quelque peu écourté), je cherche un chant, et j’élève ma louange vers notre Père. Je lis un passage de la bible, et une parole me porte particulièrement, j’écoute les prières des uns et des autres, et je me relie à eux dans cet élan vers le Père, je fais aussi silence et accueille dans mon cœur l’assurance de sa présence…
Et, c’est finalement bien réveillée, et dans un état d’esprit positif, que je continue ma route vers le reste de ma journée, faisant miennes ces paroles de Jérémie : « Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme ; elles se renouvellent chaque matin. » (Lamentations 3.22s)
