En s’ancrant dans la tradition biblique de l’accueil et du partage, elle met en avant une théologie relationnelle qui reconnaît la valeur de chaque individu en tant qu’enfant de Dieu. Loin d’être une simple approche caritative, la convivialité appelle à une transformation mutuelle entre ceux qui donnent et ceux qui reçoivent. Elle vise à construire des relations authentiques fondées sur l’hospitalité, la justice et la réciprocité.
La convivialité : une dynamique évangélique et diaconale
Depuis 2010, les Églises membres de la Fédération luthérienne mondiale (FLM) en Europe réfléchissent à la manière dont leur diaconie peut répondre aux nouveaux défis sociétaux. Loin d’être une simple notion sociologique, la convivialité s’enracine dans la Bible et dans la tradition chrétienne de l’hospitalité. Jésus lui-même a pratiqué une diaconie de la convivialité, en accueillant les exclus, en partageant la table avec les pécheurs et en réconciliant les communautés divisées. Aujourd’hui, cette approche appelle les chrétiens à s’engager dans des actions qui favorisent la justice, la solidarité et l’inclusion de tous ceux qui sont marginalisés.
La convivialité en action
Plusieurs initiatives diaconales inspirées de cette théologie ont été mises en place par les Églises membres de la FLM en Europe. Parmi elles :
- St. Mary à Västerås, Suède: un modèle innovant de réinsertion sociale qui témoigne de la mission de libération et d’accompagnement prônée par l’Évangile ;
- Shared Table (Yhteisesta pöydästä) à Vantaa, Finlande: un lieu où la nourriture devient source de communion et d’unité entre tous, indépendamment de leur statut social ;
- l’expérience de l’Église à Hanovre, Allemagne: une action de solidarité radicale qui rappelle l’appel prophétique à défendre les plus vulnérables ;
- De Nieuwe Stad et Stap Verder à Amsterdam, Pays-Bas: une Église œcuménique vivante où la diversité devient un don et un appel à la mission.
Ces expériences témoignent d’une vision théologique renouvelée de la diaconie qui repose sur un modèle relationnel transformateur, où chacun est considéré non comme un bénéficiaire passif, mais comme un acteur de la construction d’une société plus juste. Dans ce cadre, l’Église ne se positionne pas en tant que pourvoyeur de services, mais comme un espace de rencontre et d’échange mutuel.
Cette vision remet en question l’aide unilatérale pour encourager des interactions fondées sur la réciprocité. Ainsi, celui qui donne reçoit aussi, et celui qui reçoit devient un contributeur à part entière.
Les marqueurs d’une diaconie conviviale
Pour son témoignage en paroles et en actes, l’Église est appelée à incarner plusieurs principes clés :
- présence locale: être enracinée dans la cité, à l’écoute des réalités humaines ;
- hospitalité: créer un espace où chacun et chacune se sent accueilli(e) et reconnu(e) ;
- justice: ne pas se limiter à l’aide ponctuelle, mais s’attaquer aux causes profondes des inégalités ;
- participation: valoriser les talents et les contributions de tous ;
- solidarité: encourager l’entraide et le partage des ressources ;
- Durabilité : adopter une vision à long terme, respectueuse de l’environnement et des générations futures.
Une Église prophétique et engagée
En intégrant la convivialité dans sa diaconie, l’Église devient davantage signe et instrument du service. Son engagement ne se limite pas à une simple bienveillance sociale, mais relève d’une vocation libératrice à être sel et lumière. En prônant un modèle de vie communautaire inspiré par la grâce et la réconciliation, elle répond à l’appel du Christ à être une maison d’accueil pour tous. L’approche holistique n’est donc pas un simple idéal, mais un chemin concret de justice, de paix, de prospérité et de transformation sociale.
Inspection luthérienne de Paris
Fédération luthérienne mondiale
