Faire rayonner le protestantisme

Chaque année à Bordeaux, le culte de la cité donne l’occasion aux protestants de faire connaître leurs convictions et leurs actions. Pascal Lefebvre, pasteur à Bordeaux, nous l’explique.

Le temple du Hâ 

 

© Sophie-Christine Audibert

 

 

 

Quelle est l’histoire du culte de la cité ?

 

Depuis plus de 30 ans, le culte de la cité a lieu à Bordeaux le dernier dimanche du mois de janvier. Il est l’occasion d’inviter, au temple du Hâ, des personnalités politiques locales (le maire et ses adjoints, le député, le sénateur, des consuls), des autorités militaires ainsi que des représentants d’autres religions et des responsables d’œuvres et mouvements protestants qui sont relativement nombreux à Bordeaux. Ce temps permet de créer du lien et d’échanger nos vœux pour la nouvelle année avec les élus de la ville, autour d’un temps cultuel et d’un apéritif.

 

Des éléments spécifiques sont-ils associés au culte de la cité ?

 

Ce culte est généralement présidé par une personnalité extérieure, exerçant un poste à responsabilité dans l’EPUdF ou dans une œuvre, ou par le pasteur du lieu. Ces dernières années, nous avons pu accueillir Frédéric Rognon, Laurent Schlumberger, Anne-Marie Feillens, Ottilie Bonnema, pour porter le message. Ce culte est également l’occasion de mettre en avant notre richesse musicale protestante (Bach, Buxtehude, Goudimel, etc.). Nous sollicitons généralement de bons musiciens pour nous accompagner à travers l’orgue, le chant soliste ou des instruments. Après le culte, nous partageons le verre de l’amitié avec les invités et les paroissiens.

 

Comment le culte de la cité influence-t-il les relations entre l’Église et les autorités civiles ?

 

Il s’agit d’abord ce jour-là d’être une « vitrine » du protestantisme dans la cité (aussi bien de l’Église que de ses œuvres diaconales) pour mieux le faire connaître et faire rayonner ses idées, ses convictions, ses initiatives, ses actions. Il est difficile de mesurer l’influence de ce genre d’événement sur les autorités locales, mais c’est important de montrer que nous existons, qu’il y a un véritable engagement protestant dans la Métropole et que nous avons des valeurs de confiance et d’altruisme à promouvoir dans une société souvent assez individualiste, marquée par l’inquiétude et la peur (repli sur soi, désespoir, peur du lendemain, anxiétés de toutes sortes). Les protestants ne sont peut-être pas très nombreux, mais ils comptent du fait de leurs multiples engagements. Par ailleurs, c’est toujours utile de rencontrer les élus locaux. Cela permet – quand c’est nécessaire – de les solliciter dans la mise en œuvre d’un projet (travaux, prêt de matériel ou subvention).

 

Quels sont les objectifs spirituels et communautaires du culte de la cité ?

 

Les objectifs sont pluriels : au-delà de la connaissance mutuelle entre responsables d’Église et de la cité, ce culte a pour but de nous confronter avec les enjeux de la vie publique. Il est l’occasion d’aborder une « problématique » à la lumière de l’Évangile, en lien avec l’actualité. Par exemple, il y a deux ans, Laurent Schlumberger avait abordé le thème de l’engagement et de la fraternité, à travers son message « l’autre, la chance de ma vie ». Après un déjeuner partagé, nous avions également eu un temps de débat communautaire sur cette thématique. Cette année, nous avons partagé un temps cultuel autour des verbes « espérer, résister, innover », pour essayer de répondre aux questions suivantes : comment redéfinir l’espérance aujourd’hui ? À quoi faut-il résister dans notre société ? Quelles sont les critères évangéliques qui permettent d’orienter notre créativité ? Il s’agit d’interpeller les acteurs de la vie publique, à la lumière de la Bible, pour questionner les orientations et les décisions politiques. Il y a bien des enjeux théologiques dans l’organisation de cette journé pour aider chacun à être un homme ou une femme devant Dieu, veiller à son prochain et participer au bien commun.

 

 

 

 

 

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