Leur discours vengeur et dominateur pourrait nous entraîner à répondre sur le même registre, alimentés par la peur et le sentiment de menace. Allons-nous, à notre tour, rêver d’imposer notre puissance, plaçant l’Europe parmi les grandes nations, au milieu des rivalités entre Chine, Russie et Etats-Unis??
L’attitude décomplexée de cet élu américain déclarant «?Nous sommes le prédateur dominant?» est troublante. Derrière des projets absurdes, comme l’acquisition du Groenland, se cachent des rêves de conquête qui rappellent nos propres agissements. Ce que nous reprochons à Trump ou Poutine, nous l’avons souvent pratiqué?: colonisation, Françafrique, exploitation économique… Sous couvert de mission civilisatrice, nous avons construit notre puissance sur le dos des autres. Facile, aujourd’hui, de nous indigner tout en occultant nos responsabilités passées et présentes.
Le monde est-il condamné à la dichotomie «?dominants-dominés?»?? Une alternative est pourtant possible?: résister en posant des gestes de fraternité et d’entraide, se radicaliser dans l’amour et le partage plutôt que dans la spoliation. Cette posture, profondément évangélique, invite à chercher la racine du problème?: l’esprit de domination fait-il partie de notre nature, ou l’amour est-il au cœur de notre humanité, menacé par le désir mimétique?? Les deux semblent coexister?: une humanité capable du pire, mais aussi du meilleur, lorsqu’elle choisit la coopération.
Il est urgent de résister pour que la folie prédatrice n’étouffe pas la voie de l’amour et de la justice. Comme l’écrivait Etty Hillesum face à la Shoah?: «?Le moindre atome de haine ajouté à ce monde le rend plus inhospitalier.?» Seigneur, aide-nous à extirper l’esprit de domination et à emprunter la voie du partage et de l’amitié.
Sommaire de Paroles protestantes Paris n°493 (mars 2025)
