« Nous sommes la même Église ! » Ces dernières années, j’ai entendu cette affirmation régulièrement dans la bouche des présidents et présidentes respectifs de l’Église protestante unie de France (EPUdF) et de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL), à l’occasion de manifestations d’un côté ou de l’autre des Vosges. De fait, jusqu’en 1870, les inspections luthériennes de Montbéliard et de Paris étaient membres de la même Église que les sept inspections alsaciennes toujours existantes, et les consistoires réformés de Strasbourg, Mulhouse, Metz, Bischwiller et Sainte-Marie-aux-Mines participaient aux mêmes synodes réformés qu’« outre-Vosges ». La rupture de 1870 a véritablement constitué une fracture pour les Églises protestantes françaises. Du côté de la « Vieille France », elle a également induit une vision simplificatrice et réductrice de la réalité ecclésiale des protestants alsaciens et mosellans.
Une histoire incroyablement riche
De fait, la variété des histoires, cultures et sensibilités ecclésiales protestantes est bien plus vaste que les deux Églises réformée et luthérienne. Le territoire de ces trois départements dépendait d’une grande variété de « princes » au XVIe siècle, au moment de la Réforme, et encore jusqu’au XXe siècle. Si les premiers mots d’une prédication inspirée par Luther résonnaient sous les voûtes de la cathédrale de Strasbourg en 1521 dans la bouche d’un Matthieu Zell, c’est l’influence de Zwingli qui marque la ville de Mulhouse dès 1523 et le passage de Guillaume Farel à Metz en 1525 qui laisse son empreinte… Territoires ruraux exclusivement luthériens, zones catholiques avec dissémination réformée, villes protestantes depuis la Réforme ou marquées par des industriels protestants à partir du XIXe siècle, etc. : les réalités sont fort diverses.
Une empreinte marquée
Cette diversité laisse une empreinte vivante dans les paysages et la société des trois départements. La culture est imprégnée de ces héritages. Églises et presbytères protestants sont encore des repères architecturaux visibles dans les villages et bon nombre de bâtiments sont classés pour leur richesse patrimoniale. La musique fait également partie de cet héritage : l’Alsace compte à elle seule près de 1/6 e de l’ensemble des orgues de France !
C’est aussi dans le tissu associatif que le protestantisme reste particulièrement vivant avec une très grande diversité d’institutions dans les champs sanitaire et médico-social, culturel, diaconal, éducatif, social, des mouvements de jeunesse…
L’UEPAL en quelques chiffres
- 3 départements
- 7 inspections luthériennes et 3 consistoires réformés
- 200 paroisses luthériennes et 40 réformées
- 200 pasteurs et 150 prédicateurs, diacres, aumôniers…
- 600 lieux de culte
- 250.000 membres
