Policier

Saison de porcs, Gary Victor, coll. Mémoire d’encrier, 2025, 176 p., 13 €
L’inspecteur Azemar Dieuswalwe voit sa vie professionnelle et personnelle secouée par la religion et la spiritualité : sa fille est entre les mains d’une secte évangélique et son collègue victime d’un sort vaudou. Gary Victor nous présente un pays aux prises avec des forces qui dépassent les petites gens vivant dans le manque : des politiciens, des policiers corrompus ; des puissances étrangères qui profitent de la misère ; des bokos, sorciers vaudous aux pouvoirs redoutables. L’auteur dresse le portrait d’un pays, et surtout d’un peuple, qui subit. Le pessimisme et la noirceur transpirent de ces pages, présentant une des faces d’Haïti où l’espérance peut sembler étouffée. Un polar qui mêle politique et religion et ouvre aux réalités de ce pays.

Roman
Fille d’Haïti, Marie Vieux-Chauvet, Éditions Zulma, 2023, 288 p., 10,95 €
Lotus est une jeune fille, orpheline, insouciante, vivant dans une grande maison de Port-au-Prince, servie par des domestiques et entourée d’hommes. Elle n’a aucune
connaissance de ce qui se passe là, dehors, tout près de chez elle : la misère et la révolution qui se prépare. Petit à petit, par amour, sa conscience s’aiguisera et elle prendra part à la libération de son pays des mains d’hommes puissants qui oeuvrent pour leurs propres intérêts méprisant le peuple.
Dans ce premier roman de Marie-Chauvet, publié en 1954, il est question de révolution sociale menée par des hommes et des femmes refusant de se laisser enfermer dans une société divisée entre riches et pauvres ; il est également question de racisme, de haine entre frères et soeurs dont la couleur de peau n’est pas la même :
entre mulâtres et noirs, la haine peut mener à la mort, au viol. Il y a 70 ans, Marie Vieux-Chauvet dénonçait les exactions des uns et des autres, passait en revue les divers conflits traversant
la société haïtienne, mais ouvrait déjà à l’espérance : des hommes et des femmes luttant, dans l’ombre, pour une société fraternelle et plus égalitaire permettant la prise de conscience du plus grand nombre… récit prémonitoire pour notre époque ?… Rappelons que Marie Vieux-Chauvet a été contrainte à l’exil après la parution de son recueil Amour, Colère et Folie en 1968, dénonçant les violences institutionnelles et traditionnelles de son pays.
