La dernière reine, Institut du monde arabe

De Plutarque à Astérix en passant par Shakespeare et Pascal, innombrables sont les auteurs qui ont écrit sur Cléopâtre, au point que nous croyons bien la connaître. Grossière erreur ! L’Institut du monde arabe tente de lever le mystère.

Le suicide supposé de Cléopâtre, avec un serpent, a beaucoup inspiré les artistes. Peinture mélodramatique de Claude Vignan vers 1650

Incroyable ensorceleuse à la beauté forcément fatale, Cléopâtre est la reine de tous les superlatifs. Contrainte d’épouser son frère selon l’usage égyptien, elle séduit tour à tour César et Marc-Antoine avant de perdre la partie et probablement de se suicider. À sa mort, l’Égypte est rattachée à l’Empire romain.

 

 

Du mythe à la réalité

 

Autour de cette base historique, les auteurs romains (le parti du vainqueur), ont développé des récits à la véracité douteuse, la présentant quasiment comme une prostituée. Quand on cherche des certitudes concernant la vie de la dernière reine d’Égypte, on reste surpris par le peu de sources fiables dont on dispose.
Issue de la brillante dynastie grecque ptolémaïque arrivée en Égypte avec Alexandre, Cléopâtre est certainement intelligente et cultivée. Reine bâtisseuse et divinisée de son vivant, il ne reste cependant aucune trace de son palais ni de son tombeau.
Était-elle si belle ? Les contemporains parlent plutôt de sa séduction ; sur des pièces de monnaie à son effigie, on distingue un front bombé, un visage allongé et un grand nez. Ah, ce nez ! « S’il eut été plus court, toute la face de la terre aurait changé », écrit Pascal. Il est tout de même très discutable de réduire l’importance d’une souveraine à la taille de son appendice nasal…

 

 

Malheur aux vaincus

 

Au tournant du Ier siècle, l’Égypte est encore un pays riche, dont l’influence culturelle rayonne autour de tout le monde gréco-romain grâce à sa capitale Alexandrie, riche de son musée et de sa bibliothèque. Rome est en pleine expansion, a déjà conquis la Grèce et s’intéresse à l’Égypte, qui exporte ses blés. Cléopâtre tente de préserver l’indépendance de son pays. Elle a probablement cru le sauver en associant son fils Césarion au trône, légitimé par sa double ascendance romaine et égyptienne. Après l’assassinat de César, elle mise sur Marc-Antoine pour sauver à nouveau son royaume. Hélas pour elle, c’est Octave qui l’emporte et se fait couronner empereur à Rome sous le nom d’Auguste.

 

Riche postérité

 

Tout l’intérêt de l’exposition réside dans la restitution des différentes images que la reine d’Égypte a laissées à la postérité. Le parcours commence par les sources sérieuses sur Cléopâtre, en soulignant toutes les incertitudes liées à leur faible nombre. Ensuite il explique le biais faussé des récits romains et ce que l’on peut en déduire. Il traite enfin l’incroyable richesse du mythe Cléopâtre, particulièrement à partir de la Renaissance. Nourris de culture latine, les Occidentaux ont été fascinés par la figure de la reine sur laquelle ils ont brodé des histoires mirifiques et réalisé un grand nombre d’œuvres d’art, dont une sélection est exposée. Le phénomène s’est encore accentué avec la naissance de l’égyptomanie au XVIIIe et surtout au XIXe siècle. Des œuvres d’art contemporaines interrogent encore le mythe, comme cet assemblage de nez en plâtre dus à une artiste égyptienne d’origine grecque (encore !). Pour le reste, le mystère continue…

 

 

Le mystère Cléopâtre, jusqu’au 11 janvier 2026 à l’IMA, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris Ve. Tlj de 10 h à 18 h, jusqu’à 19 h dimanche, 20 h samedi et 21 h 30 mercredi. Fermé le lundi.

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