Linda(1) est une fillette de 10 ans, en classe de 3e, année fondamentale(2), vivant au Wharf Jérémie, à Cité Soleil, en Haïti. En janvier 2025, elle a été contrainte d’arrêter sa scolarité à cause de la violence armée dans son quartier. En effet, une tuerie orchestrée en décembre 2024 a coûté la vie à près de 200 personnes âgées accusées de pratiquer le vaudou et d’être à l’origine de la maladie de l’enfant du chef de gang. Après ce drame, le père de Linda a dû fuir la zone avec sa fille pour échapper à la terreur de la bande armée.
Pour être une personne âgée pratiquant le vaudou, il était en effet une cible à la fois potentielle et privilégiée du chef de gang. Son déplacement forcé était la meilleure option de survie pour sa fille et lui. Linda se souvient encore de ses petits camarades attristés par la disparition de leurs proches, les jours ayant précédé ces crimes horribles. Effrayée par cette nouvelle terrifiante, Linda s’enfermait à la fois dans un mutisme et une violence qui inquiètent alors l’école. Cette attitude traduisait sa tristesse et son anxiété, son traumatisme.
Linda a ensuite connu l’éloignement physique de son père demeurant dans la périphérie de Port-au-Prince tandis qu’elle se réfugiait en province. Sans emploi, son père ne parvient pas à subvenir à ses besoins alimentaires ni à honorer son devoir d’éducation envers sa fille. À cause des frais scolaires, Linda a dû arrêter sa scolarité. Pourtant, ces frais ne constituaient pas un frein à son éducation à l’école protestante qu’elle fréquentait auparavant. Aujourd’hui, elle est très inquiète pour son avenir.
Protéger l’avenir du pays
Son inquiétude est légitime au regard de ses droits violés alors que l’État haïtien s’est engagé à respecter les droits de tout enfant et à les garantir en ratifiant la Convention internationale des droits de l’enfant en 1994. Voilà pourquoi la Fédération des écoles protestantes d’Haïti (FEPH), demeure engagée dans la défense des droits à l’éducation et à la protection des enfants haïtiens sans exception. En effet, cet organisme a pour objet de contribuer à l’accès à l’éducation et aux services de protection pour les enfants à travers des écoles et des orphelinats. Des objectifs qui se matérialisent par la formation des équipes pédagogiques, la construction et l’équipement d’infrastructures scolaires, la dotation de matériels scolaires, la promotion de l’environnement durable, la protection de l’enfant, l’encadrement des orphelinats et la réponse humanitaire. Pour ce faire, la FEPH peut s’appuyer sur son expérience et son réseau de compétences dans les dix départements du pays. Mais elle a surtout besoin de ses partenaires nationaux et internationaux pour réussir dans cette immense tâche qui scelle l’avenir de la jeunesse haïtienne, l’avenir du pays.

l’éducation en raison d’un secteur public effondré et de tarifs parfois prohibitifs dans le privé
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(1) Nous avons changé le prénom pour protéger l’identité de cette jeune fille.
(2) CE1 dans le système français.
