J’ai découvert ce verset le jour de l’enterrement de ma grand-mère, j’avais 15 ans, c’est mon grand-père qui l’avait choisi. Il m’avait dit, les larmes aux yeux : « ça, c’était ta grand-mère ! ». J’ai passé tout le temps de la prédication à me demander quel don ma grand-mère pouvait bien avoir reçu, et à vaguement culpabiliser de ne pas avoir vu qu’elle avait un don … Ma grand-mère était formidable, bien sûr, mais tout à fait ordinaire. Elle n’avait aucun don pour la musique ou le dessin, par exemple. Au catéchisme, j’avais entendu parler des dons de l’Esprit, mais je ne voyais pas le rapport non plus. J’en ai conclu que l’important était surement la première partie du verset, « au service des autres » ; alors ça, oui, ça correspondait à l’image que j’ai gardée de ma grand-mère, travaillant sans interruption, les mains toujours occupées, active et discrète comme dans cette génération, et toujours au service des autres.

Accompagner l’autre à la recherche de son don (© josue-michel/unsplash)
À la recherche de son don
Mais alors, si ma grand-mère avait un don (même non identifié à mes yeux) est-ce que moi aussi j’en ai un ? Que peut-il bien être ? Et qu’est-ce que je peux en faire au fil de ma vie ? Comment faire mienne cette belle invitation, cette injonction à mettre ce don au service des autres ? Ces questions ont surement guidé mes choix d’adolescente et jeune adulte, pour mes études et mes engagements …
Aider à faire émerger le don
Et au fil des années, ce verset ne m’a pas quittée, je l’ai souvent remâché… Et j’y ai vu encore autre chose. Aujourd’hui, il me dit d’abord que chacun a reçu un don ! C’est une réalité, et j’y entends un appel à voir dans l’autre (le frère, la sœur en Église et dans la vie) une créature de Dieu, belle et riche du don qu’elle a reçu. C’est à moi de chercher en l’autre quel peut bien être ce don. À moi d’aider l’autre à prendre conscience de son don. À moi de me convaincre que ce don existe, quand parfois je ne le vois pas. Je n’ai pas à l’identifier précisément, à le nommer, ce n’est pas ça qui est important. Mais je suis invitée, dans ma relation à l’autre, à partir de ce principe : l’autre a reçu un don. Alors la bonne question est : « que puis-je faire, dans mes paroles et dans mes actes, pour que l’autre, à son tour, mette au service des autres le don qu’il a reçu ? ». N’est-ce pas une belle image de la fraternité ?
