Bonjour Sylvaine Landrivon, pouvez-vous nous retracer votre parcours professionnel ?
Après avoir enseigné les sciences humaines, et obtenu mon doctorat de théologie, je suis devenue tutrice en théologie systématique, puis maîtresse de conférences à la faculté de théologie de Lyon jusqu’à ma retraite. J’ai consacré mes recherches à l’approche du féminin dans la Bible et en Église, et publié ma thèse et plusieurs livres sur ce thème depuis Faites-les taire. Judith un enseignement subversif, (Olivétan 2014), quelques-uns sur Marie-Madeleine dont Les leçons de Béthanie (Cerf 2022), puis un ouvrage plus militant : La Part des femmes (Éditions de l’Atelier 2024), et Marie telle que vous ne l’avez jamais vue, avec Anne Soupa, (Salvator 2024).
Co-fondatrice du mouvement Toutes Apôtres ! avec lequel j’ai candidaté illégalement pour être évêque, et actuellement co-Présidente de l’association Magdala (ex-Comité de la jupe), je suis engagée depuis très longtemps pour une égalité intégrale entre hommes et femmes, telle qu’elle est instaurée par Jésus-Christ et mise en place par l’apôtre Paul dès les premières communautés.
Vous venez de publier votre dernier ouvrage, pouvez-vous nous en dire plus ?
Dans le cadre de leur collection « En finir avec les idées fausses », les Éditions de l’Atelier m’ont proposé d’écrire le livre sur le christianisme, ce que j’ai accepté avec enthousiasme. Le livre se compose de 8 chapitres, commençant par le problème des traductions et interprétations des textes fondateurs, puis il aborde la pluralité des confessions chrétiennes et leurs relations avec les autres monothéismes. Ensuite viennent les notions de péché et de liberté, de Dieu et la science, des rapports entre hommes et femmes, de la relation au sacré, au corps, du rôle d’un Dieu juge, et de notre engagement face aux malheurs du monde… Ainsi, l’idée fausse 17 traite de cette affirmation détournée de son contexte : « hors de l’Église point de salut » ; la 59 : « Dans le Nouveau Testament, seuls des hommes entourent Jésus » ; la 83 : « l’avortement est un crime » …, en essayant d’aborder tous les thèmes selon les diverses confessions chrétiennes.
Pensez-vous que votre livre peut accompagner les rencontres de la Semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens ?
Le texte soumis aux chrétiens durant la semaine de prière pour l’unité pointe le cœur de l’œcuménisme : il invite, en soulignant l’essentiel, à ne pas confondre unité et uniformité. Nous tenons notre unité de ce que rappelle Paul : il y a un seul Seigneur, un seul baptême, et nous sommes toutes et tous frères et sœurs en Christ. Parmi les idées fausses que je tente de déconstruire, ce sujet est abordé dans le chapitre 2 du livre. La Bible n’invite évidemment pas à l’uniformité. Le centurion Corneille, baptisé à la fin du chapitre 10 des Actes des apôtres, ne vivra pas sa foi comme l’entourage de Pierre. Le problème vient de ce que les groupes dominants tentent toujours d’asservir les plus faibles au nom de leur vérité qu’ils prétendent universelle. J’aimerais que les 94 idées fausses (pour rester, par espièglerie, en dessous des 95 thèses de Luther) déconstruites dans le livre, ouvrent des voies vers ce chemin d’unité « différenciée ».
© DR Sylvaine Landrivon
