Des détenus en liberté

Les aumôniers du Centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand (71) organisent régulièrement des sorties en groupe pour les détenus. Ces sorties ont notamment pour but d’avoir des réflexions spirituelles et de rencontrer d’autres religions dans une relation de découverte et de respect. Se rendre à Taizé pour y vivre une journée avec les frères, visiter les lieux de culte de Chalon-sur-Saône, ont été des expériences enrichissantes pour des détenus volontaires et motivés.

Une journée en liberté

 

Les aumôneries catholique, protestante et musulmane ont proposé à un groupe de personnes détenues au Centre Pénitentiaire de Varennes-le-Grand de se rendre à la communauté des Frères de Taizé pour une journée ouverte à la spiritualité et à l’échange.

 

Avec les accords très actifs de l’Administration Pénitentiaire et des magistrats du Tribunal de Chalon sur Saône, un groupe a pu être rapidement constitué et a bénéficié d’une permission exceptionnelle de sortie, pour la réalisation de ce beau projet.

 

Nous avions choisi le thème du Pardon en nous appuyant sur la déclaration finale de la rencontre interreligieuse qui s’est déroulée à Mazille l’an dernier, sur le même sujet.

 

Le groupe de personnes détenues que nous avons accompagné était moins nombreux que nous l’aurions souhaité, la COVID ayant eu des effets pernicieux que nous n’avions pas soupçonnés. Mais la qualité prime toujours sur la quantité et l’avantage de ce petit groupe fut une plus grande proximité entre les sortants et les encadrants.

 

Accueillis dès notre arrivée à la communauté par les Frères Jean et Steven, nous avons pu nous asseoir autour d’un très sympathique café/gâteaux pour détailler le programme de la journée et nous présenter. Les Frères nous ont invités à les suivre dans un endroit très agréable au bord d’un étang, un lieu de paix vraiment à part ! Une cigogne égarée pêchait dans l’étang.

 

Installés sous un petit préau de style orthodoxe, après la lecture de la déclaration de Mazille en guise d’introduction, nous avons échangé sur le vaste thème du pardon et de ses nombreuses acceptions.

 

Être à la fois victime et auteur d’actes nuisibles à autrui est inhérent à l’être humain. Comment donner et recevoir le pardon ? Comment se pardonner ? C’est en douceur et avec un généreux soleil que nous avons pu débattre avant de regagner l’église où une petite foule de jeunes étrangers s’était réunie en compagnie des Frères pour une prière joyeuse et chantée.

 

Nous avons rejoint la table des Frères qui nous avaient invités à partager leur sympathique repas, dans le silence au début puis dans la discussion avec eux, dans un second temps. Les Frères Jean et Steven nous ont ensuite conduits dans plusieurs ateliers qui constituent leur gagne-pain : la poterie, la bijouterie, les tisanes… Chaque Frère fait bénéficier à l’ensemble de ses talents particuliers acquis avant de rejoindre la communauté.

 

Les locaux ont peu à peu été adaptés à l’accueil toujours plus important de groupes de jeunes internationaux depuis les années 60. Ils peuvent accueillir aujourd’hui jusqu’à 5.000 personnes ! Nous avons ensuite visité une dépendance aménagée en salle d’exposition et avons échangé avec une sœur catholique d’une petite communauté très voisine qui est l’auteure des tableaux que nous avons admirés. Après un détour par la boutique, tout le monde s’est acheminé vers les véhicules pour le retour au centre pénitentiaire, avec un fort sentiment de joie et de sérénité, issu d’une journée parenthèse qui restera dans toutes les mémoires.

 

Visite des lieux de culte de Chalon sur Saône par des détenus

 

Une aumônerie catholique, protestante et musulmane attend la sortie programmée de détenus. Ils sont cinq, trois chrétiens et deux musulmans.

 

Tous en recherche de sens à leur vie et de questions essentielles, existentielles même ! Un sixième s’est finalement abstenu. Nous ne saurons ni qui il est, ni les raisons de son absence. Tout cela n’appartient qu’à lui.

 

Départ avec nos voitures vers Chalon sur Saône. L’air leur semble différent de ce côté des murs. Un autre goût aussi, celui de la liberté. Ils savent bien que ce temps est éphémère et que tout à l’heure, il faudra rentrer. Mais le ciel bleu leur fait un clin d’œil et paraît sourire.

 

Un autre espace s’ouvre à eux, celui d’une spiritualité partagée.

 

Nous commençons par l’église du Sacré Cœur (tout un programme)

 

« Jackie », notre aumônier et diacre catholique expose l’histoire très particulière de cette église construite par des cheminots au début du siècle dernier, et il évoque les fondements du catholicisme. S’en suit une première discussion un peu timide entre musulmans et chrétiens dans un grand respect mutuel.

 

Le programme de la matinée se poursuit avec un déplacement de l’ensemble du groupe vers le centre historique de la ville pour y découvrir le temple protestant.

 

Après un bref exposé sur l’architecture également particulière de l’édifice construit dans un marécage ce qui lui a donné un air penché comme la tour de Pise, nous entrons dans l’église.

 

Sobriété du temple protestant, de nouveau, les échanges sont fournis, mais ils ne concernent pas les différences, mais les messages identiques d’un même Dieu à des individus déjà, des groupes de croyants ensuite, des communautés de foi enfin.

 

Trois manières d’être appelés par un même Dieu !

 

Nouveau petit pèlerinage vers notre lieu de restauration.

 

Nous avons choisi de nous rendre dans un restaurant asiatique pour partager le repas.

 

La découverte d’autres cultures, d’autres manières de penser, de vivre ou de croire est également le sens de cette journée.

 

Les personnes détenues apprécient vraiment énormément cette parenthèse culinaire.

 

Nous poursuivons par la visite guidée de la mosquée du centre-ville de Chalon sur Saône.

 

Confortablement installés par l’imam Ahmed, nous assistons à la prière qu’il préside en présence des membres de sa communauté. Ensuite, nous poursuivons le même thème de l’importance de cohérence entre croyants, du partage des mêmes valeurs transmises par un Dieu unique.

 

Le programme initial comportait au final la visite de la synagogue avec une intervention du président de cette communauté. Malheureusement, en raison de dégâts des eaux, la synagogue n’était pas accessible au public.

 

Le bilan de fin de journée a été sous tendu par le mot « JOIE » bien que celui-ci n’a pas été prononcé. D’autres mots étaient muets, mais dits dans les regards :

 

Merci de votre ouverture de cœur ! Merci de refuser l’opposition, la haine, la rancœur, la violence ! Merci de m’avoir fait avancer.

 

 

 

 

 

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