Emmanuelle Koré-Zouma ©DR
Emmanuelle, avant de devenir pasteure, quel chemin de vie as-tu parcouru ?
Après un BTS en finances-comptabilité en Côte d’Ivoire et un Master 2 en finances, Audit et Contrôle de gestion au Maroc, j’ai travaillé une quinzaine d’années dans les domaines de la comptabilité, de la télévente et comme formatrice et responsable contrôle qualité. Un parcours structuré, fait de chiffres et de procédures, qui ne laissait pas présager un changement de vie aussi radical.
Pourquoi ce changement ?
Déjà engagée dans ma paroisse et au niveau national au Maroc, où je prêchais régulièrement, j’ai ressenti le besoin d’aller plus loin. Une formation à l’animation biblique au Bénin, organisée par la Cevaa (Communauté d’Églises protestantes en mission), a nourri ce désir d’approfondissement. En 2020, la crise du Covid-19 a été un déclic : ce temps de pause m’a invitée à chercher un nouveau chemin porteur de sens. L’évidence s’est imposée : « Je veux faire de la théologie. » J’ai alors intégré l’Institut protestant de théologie à Paris. Au fil de ces cinq années d’études, ma vocation pastorale s’est affirmée, nourrie par l’expérience précieuse d’un ministère marqué par la disponibilité, la bienveillance et l’accompagnement des personnes dans leurs joies, leurs peines et leurs questionnements spirituels.
Quels formation et cheminement vers le ministère ?
La formation suit le modèle universitaire LMD (Licence, Master, Doctorat) en théologie protestante, avec un minimum de bac+5 requis pour accéder au ministère. Elle comprend l’étude de la Bible, de l’histoire du christianisme, de la philosophie, de la dogmatique, de l’éthique, des langues bibliques (grec et hébreu), ainsi que de la théologie pratique (prédication, accompagnement pastoral, actes liturgiques, etc.). Ce parcours est complété par des stages ou suffragance en paroisse ou en aumônerie, pour apprendre à célébrer, prêcher et accompagner. La dernière année se vit en alternance entre faculté et paroisse, et ouvre au proposanat, période probatoire que je vais vivre ici à Besançon. Le discernement de l’appel pastoral est suivi dès la fin du cycle Licence par la Commission des ministères de l’EPUdF (Église protestante unie de France), qui accompagne les étudiants en chemin vers le ministère.
Quelles sont tes premières impressions ici ?
Excellentes ! J’ai découvert une paroisse pleine d’énergie, dans une ville à taille humaine, verdoyante et accueillante. L’accueil chaleureux des paroissiens m’a profondément touchée. Je me sens déjà portée par cette dynamique.
Quelle « pierre » veux-tu apporter à la communauté ?
Pour moi, tout est une affaire de co-construction. Le rôle de la pasteure n’est pas d’imposer, mais d’être présente, disponible, à l’écoute, pour accompagner et éclairer les projets, pour encourager le « faire ensemble ». J’apporte un savoir théologique durement acquis pendant les études, mais surtout un savoir-être utile, habité de la conviction que chacun a quelque chose à apporter.
Comment vois-tu l’avenir de l’Église ?
Devant un monde de plus en plus exigeant voire étouffant, je vois l’Église comme un lieu communautaire de respiration spirituelle et sociale. Nous gagnerons à travailler de sorte à favoriser l’accueil et la tolérance et en créant un cadre épanouissant avec l’aide du Saint Esprit. Je souhaite prolonger cette perspective avec cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry que j’aime beaucoup : « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible ».
Et côté loisirs ?
J’aime tout ce qui stimule ma créativité : les activités manuelles, la décoration, les petits projets qui embellissent le quotidien. La lecture et la nature : marcher (mais pas trop !), respirer, savourer le calme.
