
Se présenter : un étrange exercice
Que dire de soi lorsqu’il s’agit de se présenter ? Par où commencer pour raconter une vie ? Peut-être par le commencement : je suis née à Montbéliard, dans une famille non-pratiquante, mais où mes parents, malgré leur distance vis-à-vis de la religion, m’ont transmis des valeurs humaines fortes et le souci de l’autre.
Les premiers pas vers le sens
À l’adolescence, en quête de sens et curieuse de spiritualité, j’ai choisi de rejoindre des camarades au catéchisme. Ce cheminement m’a menée jusqu’à ma confirmation, célébrée au temple Saint-Martin. Pendant quelque temps, j’ai fréquenté un groupe de jeunes, mais le fil de ma foi s’est peu à peu effiloché lorsque j’ai quitté Montbéliard pour suivre mes études d’éducatrice de jeunes enfants. À Besançon, où je me suis établie pour travailler, la foi s’est mise en veille, reléguée au second plan par une vie professionnelle bien remplie.
Une vie au service des autres
C’est à Besançon que j’ai fait toute ma carrière, d’abord comme éducatrice auprès de jeunes polyhandicapés dans un établissement pour enfants déficients visuels, puis comme conseillère technique à l’Équipe Relais Handicap Rare. Ce travail m’a profondément marquée. J’ai rencontré des jeunes atteints de handicaps rares, des êtres pour qui le monde ne dépassait parfois pas le simple contact d’une main ou la proximité immédiate d’un espace restreint. Comment leur transmettre une part de ce monde ? Comment comprendre leur manière d’appréhender leur environnement, parfois si différente de la nôtre ? Ces interactions, complexes mais riches, m’ont poussée à une réflexion constante. Aujourd’hui encore, ces questionnements m’habitent, et je poursuis cet engagement en accompagnant bénévolement des personnes atteintes de surdicécité.
« Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ;j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli… »(Matthieu 25, v.35-36)
Une vie personnelle ancrée dans l’altérité
Sur le plan personnel, je suis mariée à un homme d’origine ivoirienne, et nous avons trois fils, devenus à leur tour les piliers d’une descendance qui s’agrandit avec bonheur : j’ai aujourd’hui quatre petites-filles. Ces liens familiaux m’ont enrichie et ont nourri ma compréhension de la diversité humaine et des valeurs universelles qui nous unissent.
Le retour à l’essentiel
À l’approche de la quarantaine, une épreuve personnelle m’a replongée dans une quête de sens. Je me suis tournée vers une voie spirituelle laïque, qui m’a aidée à mieux comprendre mon fonctionnement intérieur et à décoder les relations humaines. Ce cheminement m’a progressivement ramenée vers la foi et vers le temple, où j’ai retrouvé une dimension transcendante que je cherche à incarner dans ma vie quotidienne. Depuis, je m’efforce de vivre en cohérence avec les Écritures, dans l’amour du prochain et l’attention à l’autre.
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même… » (Galates 5, v.14)
Ainsi va ma vie, entre introspection et engagement, avec pour boussole cette conviction profonde : « Autour de celui qui sait s’émerveiller, éclosent les merveilles. » La plus grande merveille reste, à mes yeux, l’être humain lui-même.
