Quand on lui demande comment elle est devenue libraire, elle part d’un bon rire et déclare que le hasard est à l’origine de cette orientation. Sans faire appel à la providence, le hasard n’est pas seul responsable en cette affaire. Voyez plutôt. Nathalie n’avait pas 18 ans et elle cherchait une voie professionnelle en accomplissant des stages dits d’exploration, particulièrement dans le domaine de la vente, jusqu’au jour où elle accepta un stage à la librairie Siloé, précisément. Elle tombait en pleine période d’inventaire, de classements et de nettoyages ; mais elle avait déjà l’amour des livres et cet amour ne fit que croître. Son certificat d’aptitude professionnelle en poche, elle décrocha sur cette lancée son baccalauréat professionnel, ainsi qu’un brevet de technicien supérieur en management. Elle signa son contrat de travail avec Siloé en 2015.
Nathalie se fait un point d’honneur de lire une petite dizaine d’ouvrages par mois en lien avec ce qu’elle propose en librairie ; ses conseils sont ainsi avisés. Elle confesse une prédilection pour les témoignages de vie, une littérature qui connaît un succès jamais démenti auprès de la clientèle des librairies religieuses. Elle exerce une grande vigilance dans la gestion du stock pour pouvoir retourner les invendus aux maisons d’édition dans les délais impartis. Il lui revient aussi de choisir les ouvrages à présenter sur l’étalage. Certaines parutions sont toutefois imposées par les fournisseurs.
La situation financière de la librairie est saine et un petit bénéfice s’en trouve dégagé. Le Marché de Noël n’est pas étranger à cette situation favorable, car la vente des santons à cette période assure une confortable rentrée d’argent. La vente des objets de piété, mais aussi la vente des bibles, connaît également une embellie, et cela tout au long de l’année. Le succès du rayon consacré aux enfants ne faiblit pas. Par contre, ombre au tableau, les commentaires bibliques et les ouvrages de théologie sont à la traîne. Le public cultivé et intéressé compare volontiers les différentes traductions de la Bible, mais rechigne à compulser les ouvrages de référence et les dictionnaires.
Les protestants eux-mêmes semblent avoir oublié que leurs pères dans la foi n’auraient jamais conçu une édition de la Bible sans notes explicatives et commentaires ; ce n’est qu’au XIXe siècle qu’on a édité le texte biblique traduit, mais sans introductions ni explications.
Un lien étroit est établi avec la librairie Siloé de Belfort tenue par les sœurs (originaire du Togo) de l’Ordre de Saint-Augustin : elles portent le beau nom de « missionnaires du livre » et assument ainsi un apostolat de la presse. Cette congrégation a été fondée en 1906 à Saint-Maurice, en Suisse.
Nathalie Surleau est secondée par une équipe de bénévoles permanents et temporaires ; elle se réjouit des possibilités de rencontres qu’offre la librairie qui accomplit dès lors une précieuse mission d’accueil et d’écoute.
Relevons que l’Église Protestante Unie de France alloue à ses ministres un crédit de documentation et la librairie Siloé commande les ouvrages souhaités dans des délais comparables à ceux du commerce en ligne, les frais de livraison en moins.
