L’Institut Nazareth, attaché à la Fondation de l’Armée du Salut, a repris l’ancienne « Solitude de Nazareth », créée au XIXe siècle pour recevoir des filles promises à la prison. L’Institut a pour mission d’accueillir et d’aider des enfants et adolescents présentant des troubles psychologiques ou des troubles de la personnalité. Parmi les anciens bâtiments se trouvait une chapelle, située près de l’avenue de la Justice de Castelnau ; les montpelliérains en connaissent bien le clocher.
La Fondation a souhaité faire de cette chapelle un lieu de répétition et de spectacle ouvert au public, un lieu d’accueil d’artistes en résidence dont le travail pourra intéresser non seulement les jeunes de l’institution, mais aussi les enfants des écoles avoisinantes, les habitants du quartier et de la ville, les associations montpelliéraines à vocation artistique.
L’architecte Nicolas Westphal a conduit la programmation puis les travaux de la chapelle.
Qu’est-ce qui vous a le plus intéressé dans ce travail ?
J’ai été étonné d’entendre les enfants déscolarisés de l’Institut se dire accueillis, honorés, inspirés par l’espace architectural de la chapelle, même désaffecté et vide. Cette architecture leur communiquait secrètement quelque chose de spirituel et de bon à vivre. Ce fut un défi pour moi de garder cette qualité pour eux et d’en faire un lieu de voisinage qui entr’ouvre la porte de la créativité, de l’émerveillement, du travail de mise au point d’une œuvre.
Comment avez-vous fait ?
Nous avons libéré l’espace lumineux de la chapelle et nous l’avons équipé discrètement pour y augmenter la liberté d’expérimenter des choses. Comme il s’agissait de partager cette chapelle avec un public extérieur, nous avons créé plusieurs parvis qui permettent de se rencontrer. Une clôture sépare le territoire de la chapelle de celui de l’Institut, elle comporte des portails échancrés qui invitent à se parler de part et d’autre.

Vous avez beaucoup travaillé sur les portes…
Avec un animateur de l’Institut, nous avons proposé aux enfants de créer des sculptures de bronze à insérer dans les nouvelles portes d’entrée de la chapelle, sur le thème « démons et gargouilles ». Les enfants ont fabriqué toutes sortes de visages fantaisistes et inquiétants qui ont pris avec le bronze un caractère quasi monumental tout en restant des créations d’enfants. On passe à travers ces visages pour découvrir l’espace lumineux de la chapelle.
Nous avons par ailleurs créé une nouvelle sortie de secours. Il s’agit d’une descente directe depuis l’intérieur de la chapelle vers le sous-sol où se trouvent le tombeau du fondateur de la « Solitude de Nazareth ». Mais là où on s’attend à l’obscurité, on trouve de façon inattendue une ouverture beignée par la lumière du jour, avec un jardin de plain-pied. La lumière éclaire la chapelle par en-dessous. Ce type de composition qui exploite le dénivelé du terrain évoque pour qui saura le voir quelque chose de la Résurrection, dans ce lieu de tradition chrétienne. À côté de la porte ouvrant sur le jardin se trouve une porte en grille vers le sous-sol sur laquelle nous devions inscrire un interdit pour la sécurité incendie – « ne rien déposer » -. Nous avons reformulé cet interdit avec les psychologues de l’Institut et nous avons écrit : « Laisser libre, ici et au-delà ».
