Dialogue sous les arbres à l’école de la Nativité © Muriel Menanteau
Tout commence en 1995, dans une démarche de résistance portée par l’espérance, le partage et la convivialité. Car bon nombre d’Orangeois ne veulent pas vivre comme une fatalité l’arrivée d’un élu d’extrême droite à la mairie. C’est à la fois une urgente nécessité et une promesse. Martine Kentzinger, pasteure de la paroisse réformée d’Orange-Carpentras, s’engage avec détermination dans une initiative interreligieuse, soutenue par sa communauté. Sa résolution rencontre celle d’autres croyants, notamment celle de Sylvie Aumage, catholique, actuelle coordinatrice du collectif interreligieux d’Orange. Il se produit un vrai « moment » permettant la convergence et l’essor d’une dynamique. Elle dure jusqu’à aujourd’hui, relayée depuis par d’autres, responsables ou membres des communautés musulmane, juive, catholique, orthodoxe et protestante d’Orange mais aussi de Carpentras.
Rencontres régulières
Chaque année, la fête des enfants d’Abraham rassemble jusqu’à une centaine de personnes. Le collectif propose aussi régulièrement des rencontres permettant d’approfondir la connaissance des convictions, textes, spiritualités et pratiques personnelles et collectives, des différentes communautés. Ces rencontres se tiennent dans la salle paroissiale protestante, elles sont fréquentées par un public d’habitués, plutôt convaincu par la démarche et qui se renouvelle toutefois modestement. En projet : des sujets à propos de la fraternité, toujours, de l’humour, de la place des femmes… Et la plantation d’un olivier pour fêter les trente ans, un souhait réitéré auprès de la municipalité ! Pour Céline Canet, directrice de l’école La Nativité, l’avenir du collectif interreligieux demeure la fraternité à faire découvrir aux plus jeunes : « Il est indispensable de montrer que l’on est capable de prendre du temps ensemble pour se rencontrer et partager. » Gilles Taillardas, libraire de l’Orange Bleue, voit le collectif comme « un espoir dans une ville où sont toujours mis en scène plutôt la méfiance, le rejet ». Rendu vigilant par Amin Maalouf et son ouvrage Les identités meurtrières, il rappelle que « si l’identité religieuse devient première, exclusive, il y a danger ».
Engagés pour le vivre ensemble
L’annonce d’une distribution de fournitures scolaires par un réseau de dealers, dans un quartier défavorisé d’Orange, le 30 août, a suscité l’émoi. Elle avait été interdite par la Préfecture. La solidarité sociale pourrait mener les différentes communautés, dont de nombreux membres sont déjà engagés bénévolement dans diverses associations locales, à travailler ensemble, pour des actions « ciblées, à notre échelle », comme le suggère une participante. Ce souhait fait écho à la conclusion de la Charte du collectif : « Ils [croyants juifs, chrétiens et musulmans du collectif] se veulent au service de leurs concitoyens, croyants ou incroyants, pour que progresse le “vivre ensemble” dans la ville d’Orange. Ils souhaitent à tous les habitants d’Orange le bien-être social et l’ouverture du cœur au Créateur pour qui tout homme est enfant de Dieu. »
