Quelques acteurs de l’engagement social

Dans le Sud-Ouest, plusieurs œuvres protestantes, parfois nées dans l’élan social du xixe siècle, œuvrent auprès d’enfants, de jeunes ou de personnes âgées. Valeurs et spiritualité irriguent toujours leur réponse aux besoins de la société.

 

 

Apres : une éthique de responsabilité au service des enfants

 

Basée à Tonneins, l’association Apres accueille 220 enfants en difficulté. Elle est issue de l’Institut de charité pour les jeunes orphelins protestants et de l’Asile pour les jeunes orphelines protestantes de Nérac, financés depuis le milieu du XIXe siècle par les protestants de la région. Indiquant sa volonté d’ouverture, l’orphelinat de Tonneins change de nom en 1910 pour devenir l’Institut de charité pour les jeunes orphelins indigents de 2 à 7 ans, puis Clair Matin en 1940. En 1967, Clair Matin se constitue en association protestante d’éducation chrétienne. Les jeunes qui y sont accueillis sont envoyés par les services sociaux du département ou de l’État, ce dernier finançant désormais la structure. En 2004, un sondage auprès des professionnels précède une décision unanime de changer la raison sociale Aprec en Apres (Association protestante régionale d’écoute et de soutien). Le terme  « protestant » reste inséparable de l’entité, rappelant son origine et le caractère laïque de sa mission, inscrite dans les statuts : soutenir la liberté de conscience, favoriser la liberté de penser, encourager la liber- té d’aborder les questions spirituelles. Actuellement, le versant spirituel de l’association est laissé à la décision des parents, qui sont libres de faire participer leurs enfants aux activités proposées par les lieux d’accueil. L’affirmation d’une appartenance spirituelle et d’une application plus ouverte de la laïcité, tenant à la liberté d’expression de ses convictions, est également parfois « contestée » par les représentants des pouvoirs publics.

 

Laure Leblond, administratrice de l’Apres

 

Fête de l’Apres au parc Ferron de Tonneins     

© DR

 

 

 

Le Refuge protestant : plus qu’une maison de retraite

 

Le Refuge est une maison de retraire en centre-ville de Mazamet issue de la décision du consistoire de l’Église réformée d’ouvrir, en 1850, une maison de charité pour recevoir et soigner les malades protestants de l’Église de Mazamet, ainsi que les infirmes nécessiteux. L’Église protestante de Mazamet achète alors une vieille demeure : le Refuge protestant est né ! Il est reconnu d’utilité publique en 1907. La mai- son de retraite ouvre en 1953 une clinique médico-chirurgicale-obstétricale. Si le Refuge continue de n’accueillir que des pensionnaires protestants, la clinique est ouverte à tous. Le personnel est lui aussi protestant et s’inspire de la Parole de Jésus-Christ : « Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir. » La maternité et la clinique ont été en fonction jusqu’en 1980. À la place de vieux immeubles, en 1975, est aménagée une résidence de sept appartements où les locataires sont autonomes. Le Refuge est intégré à la Fondation John-Bost depuis 2023, et dispose de 55 lits en Ehpad et de 20 au SSR. Toutes les chambres sont aménagées et décorées au goût de chaque résident. Dans les salles à manger sont servis des repas réalisés sur place. De nombreuses activités sont proposées par l’animatrice. Tous les ans, la fête du Refuge réunit familles et résidents autour du culte et des stands. Un culte est célébré tous les jeudis et, une fois par mois, un temps de « l’Au revoir » permet à chacun de parler, de partager ses souvenirs des résidents décédés le mois précédent. Pour ma part, outre le culte, je fais des visites individuelles. Il y a aussi une visiteuse catholique et un officier de l’Armée du Salut.

 

Jeannine Prunier, aumônière protestante

 

Le Refuge protestant, à Mazamet             © Jeannine Prunier

 

 

 

Le Cluquet : un gîte d’étape ancré dans le protestantisme

 

À l’origine du gîte Le Cluquet, il y a un missionnaire protestant : Jean Beigbeder. Après un séjour à Madagascar dans les années 1920, il fait l’acquisition, en 1937, d’un terrain à Cauterets pour y créer un camp de vacances pour les jeunes défavorisés (en particulier les jeunes Malgaches résidant en France) désireux de découvrir le milieu montagnard et de pratiquer la randonnée.

 

Responsable des Unions chrétiennes de jeunes gens (UCJG), il fut aussi le premier président du scoutisme unioniste français de 1949 à 1952 et prit part à la vie publique en tant que conseiller municipal à Cauterets. À sa mort, par conviction protestante, il a légué le site aux UCJG, devenues, suite à leur essor international, YMCA France. Le site a été géré tour à tour par les pasteurs de Tarbes ou de Bagnères-de-Bigorre puis par une association de bénévoles dont des pasteurs ont souvent été présidents ou membres du conseil d’administration.

 

 En raison de la vétusté du temple historique de Cauterets, bâti en 1862, l’association a construit sur le terrain du gîte, en 1991, un nouveau temple. Toutefois, depuis les années 2000, le temple est de moins en moins fréquenté et les cultes deviennent occasionnels. La salle du temple est devenue une salle polyvalente, ce qui n’empêche pas d’y accueillir une célébration religieuse. Aujourd’hui de fonctionnement laïc, l’association demeure porteuse des valeurs chrétiennes d’accueil inconditionnel et de bienveillance de ses fondateurs. C’est cet esprit fondateur qui anime encore aujourd’hui l’équipe de bénévoles qui reçoit les vacanciers, curistes, randonneurs et groupes de jeunes au Cluquet.

 

Christophe Padiou, président de l’association YMCA Gîte Le Cluquet

 

Le gîte du Cluquet, à Cauterets                                         © Jacques Despont

 

 

Institut protestant de Saverdun : faire grandir les mineurs isolés

 

Voilà plus de quinze ans que l’Institut protestant de Saverdun, qui œuvre en Ariège en tant que Maison d’enfants à caractère social, porte des valeurs d’accueil inconditionnel et s’est spécialisé dans l’hébergement et l’accompagnement éducatif de mineurs isolés étrangers. L’Institut dispose de cinq bâtiments d’internat et de douze appartements extérieurs, ce qui lui permet de loger une soixantaine de jeunes. Grâce à une équipe engagée et pluridisciplinaire, l’Institut les accompagne dans leur apprentissage du français, dans leur scolarité, leur vie citoyenne. En un mot : dans leur autonomie. Veiller à leur stabilité affective et émotionnelle est à ce titre indispensable, au regard des étapes qu’ils ont vécues et qui peuvent les freiner dans leur évolution personnelle. Pour les aider, l’Institut s’appuie sur une pédagogie visant à responsabiliser les jeunes en les impliquant pleinement dans la construction de leur parcours – parcours de formation mais plus globalement, parcours de vie – et de leur projet personnalisé mis en place par chacun d’entre eux avec l’équipe de l’Institut.

 

Magazine Ensemble

 

L’Institut vise à aider chaque jeune à devenir une personne autonome et responsable            © LaShawn Dobbs/Unsplash

 

 

 

 

 

 

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