Momies, pour l’éternité

Partout dans le monde et à toutes les époques, des civilisations ont cherché à conserver les corps pour assurer leur vie dans l’au-delà. Le musée de l’Homme organise une exposition qui est aussi une réflexion autour de cette pratique.

Il n’y a pas que l’Égypte. Savez-vous que le désir de conserver les corps est un phénomène universel ? Le musée de l’Homme se penche sur cet usage en montrant, à travers quelques exemples, comment cela se pratiquait, pourquoi, et surtout le travail d’analyse qu’il est possible de faire aujourd’hui.

 

Une pratique religieuse

Depuis plus de 100 000 ans, au moins, les hommes enterrent les morts. Les premières momifications remontent à 9 000 ans, selon les archéologues, ce qui représente une nouvelle étape dans les rites et les croyances de la vie après la mort. C’est en Amérique du Sud, entre le Pérou et le Chili actuels, que l’on trouve les plus anciennes momies, c’est-à-dire des corps parés et préparés pour résister à la dégradation des chairs. Pourquoi ? À travers le monde, les réponses peuvent varier. Sacrifices humains conservés pour lutter contre une catastrophe, comme une sécheresse, assurer l’immortalité à un être très aimé ou très puissant (roi ou prêtre), espérer le soutien d’un chef respecté lors d’une bataille, ou tout simplement faire participer les morts aux fêtes familiales pour renforcer la cohésion du clan… Même en Occident, la pratique a pu s’observer dans certains lieux, comme en Sicile à partir du XVIesiècle.

 

Des présentations détaillées

Peu de momies sont présentées lors de l’exposition, mais elles reflètent l’universalité de la pratique à travers le monde. Il n’y en a que neuf (plus un crâne venant des Marquises), mais chacune est présentée avec toute l’information dont on dispose sur son âge, son sexe et son rang social, par exemple. En général le défunt était accompagné par de nombreux objets censés l’aider dans sa nouvelle vie ; ils sont présentés également, dont des momies d’animaux domestiques qui devaient accompagner leurs maîtres dans l’au-delà.

Une surprise de taille attend le visiteur : la présentation d’une petite fille de 7 à 11 ans, momifiée et somptueusement vêtue, conservé à l’église luthérienne Saint-Thomas de Strasbourg depuis le XVIIesiècle et probablement protestante. Les recherches se poursuivent pour découvrir quelle pourrait être son identité et la raison de sa momification. Sans justification théologique, l’hypothèse avancée est qu’elle serait d’origine étrangère et que son corps devait pouvoir se conserver jusqu’à son inhumation définitive ailleurs, qui n’a jamais eu lieu.

 

Une question d’éthique

La manière dont les musées européens montrent leurs collections de momies ou de squelettes a bien changé. Le musée de l’Homme explique cette évolution avec des panneaux et une présentation respectueuse des corps. Il rappelle en particulier qu’une momie a été un être humain avant de devenir un sujet d’études. Aujourd’hui, lors de fouilles et de découverte, la momie reste dans son pays d’origine, les trafics ont cessé. 

Cette nouvelle approche n’empêche pas les scientifiques de poursuivre leurs études sur celles dont ils disposent, car les momies ont bien des choses à nous apprendre. On peut connaître la cause du décès, le régime alimentaire, les éventuelles carences des morts… Les études des vêtements et des objets autour des tombes constituent également une mine d’informations, ce qui est bien expliqué dans la dernière partie de l’exposition. C’est tout un mode de vie qui peut renaître et nous faire mieux comprendre les populations qui nous ont précédées.

 

Momies, jusqu’au 25 mai au musée de l’Homme, place du Trocadéro, Paris 16e. Tlj sauf mardi de 11 h à 19 h.

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