
Le synode n’est pas qu’un « parlement ». Chaque journée commence et se termine par un temps d’aumônerie (lecture biblique, prière, chants) et un culte avec Sainte Cène est célébré le dimanche matin. Pour aider les délégués à comprendre les enjeux, des vidéos de formation rythmaient les séances : régime presbytérien-synodal, finances régionales, fonctionnement des votes, rôle des vœux…
Le documentaire réalisé cette année s’inscrit dans la même dynamique pédagogique. Il répond à un sondage mené en région, qui faisait ressortir un sentiment de manque d’information sur les synodes et, chez certains, un désintérêt croissant. Montrer les visages, les débats, les votes, c’est rouvrir la porte entre synodes et paroisses.

Un fonctionnement exigeant
À Dourdan, le travail s’est fait en plusieurs temps très structurés, notamment autour du sujet « L’Église universelle » :
– plénière : présentation du rapport régional, du contexte national, des résultats du questionnaire envoyé aux Églises locales et des enjeux théologiques et pratiques ;
– groupes de travail : échanges à partir de séries de questions (accueil des personnes venues d’ailleurs, relations avec les Églises étrangères, tension identité réformée/diversité, place des autres confessions et religions, rôle concret de l’Église universelle dans la vie locale) ;
– rédaction : les rapporteurs régionaux ont relu l’ensemble des remontées pour élaborer un projet de texte reflétant convergences et tensions ;
– débat en assemblée : lecture du projet, amendements à la tribune (mots à préciser, nuances à ajuster, exemples à ajouter ou à retirer) ;
– vote final : le texte a été adopté à une large majorité.
La même dynamique a porté l’examen du rapport du conseil régional, des finances et des vœux : d’abord l’écoute, puis les questions, parfois vives, les reformulations, enfin les votes. On ne gomme pas les désaccords, on les traverse, dans un cadre commun, avec des règles partagées.
Une Église en transition
Le rapport du conseil régional décrit une Église vivante mais sous tension : paroisses dynamiques, projets immobiliers ambitieux, services actifs, jeunesse qui reprend souffle, mais aussi crise du pastorat, équipes fatiguées, vacances de postes, besoins de formation, pression financière. Le synode a dû tenir ensemble envie d’élan et réalisme institutionnel. C’est ce que le conseil régional formule dans la vision 2025-2028 : « sortir de l’esprit de conservation et de survie pour s’ouvrir à un esprit missionnaire ».
Le thème « L’Église universelle » a montré combien l’universalité n’est plus seulement une affaire de « mission lointaine » : elle se vit dans nos cultes. Assemblées multiculturelles, manières différentes de prier et de chanter, crainte pour certains de voir l’identité réformée se diluer. Les travaux de groupes ont reflété cette ambivalence : l’interculturalité est vécue à la fois comme une chance et comme une épreuve.
Le texte adopté, que vous retrouverez dans le cahier post-synodal, propose trois axes : vivre l’Église universelle « à domicile » en assumant la pluralité ; la vivre « hors les murs » en allant vers celles et ceux qui ne franchissent jamais la porte d’un temple, dans l’esprit de la phrase de Bonhoeffer : « L’Église n’est l’Église que lorsqu’elle est là pour les autres » ; et l’inscrire dans l’universalité des expériences humaines (jeunesse, justice sociale, crises écologiques, souffrance psychique, quête de sens).

Finances et vœux : aligner les moyens et les priorités
Le rapport financier est clair : après deux années d’excédents exceptionnels (legs, subventions), la région entre en déficit structurel dès 2025-2026. Les dépenses augmentent (contribution nationale, traitements des ministres, fonctionnement), les contributions des Églises locales stagnent. Le synode a donc fixé le cadre des contributions 2026, adopté un nouveau partage progressif des legs entre paroisses et région, diminué la cotisation Asemepuf, et lancé un appel à contribution exceptionnelle pour financer deux priorités votées en 2024 : la jeunesse et l’interculturalité.
Les vœux adoptés prolongent ce mouvement. L’un appelle à mieux accompagner le corps pastoral dans un contexte de crise des vocations. Un autre reconnaît l’aumônerie militaire comme lieu de mission et encourage l’accueil des militaires et de leurs familles en paroisse. Un autre encore renforce le lien avec l’inspection luthérienne de Paris, dans le cadre de la communion luthéro-réformée. Un vœu invite à rester attentifs aux chrétiens persécutés. Un dernier pousse à intégrer davantage la formation aux premiers secours en santé mentale dans le parcours des ministres.
Une Église qui apprend à marcher ensemble
On pourrait résumer l’esprit de Dourdan en une image biblique citée par le président du conseil régional : « Élargis l’espace de ta tente » (Ésaïe 54.2). Élargir la tente, ce n’est pas se débarrasser des piquets. C’est accepter que la toile se tende, que cela tire parfois, pour laisser de la place à de nouveaux visages, de nouvelles questions, de nouvelles manières de croire… ou de douter.
Ce synode 2025 n’a pas effacé les désaccords théologiques ni les tensions de gouvernance. Il les a mis au travail, dans un cadre commun, avec des votes assumés et une volonté tenace de rester une Église qui chemine ensemble. Le cahier post-synodal, accessible en ligne, prolonge ce mouvement : il ne livre pas seulement des décisions à appliquer, il offre de la matière pour comprendre, débattre, prier, et, peut-être, se réjouir de voir une Église qui ne se contente pas de gérer l’existant, mais ose encore se laisser déplacer.

