Selon la lettre aux Romains, « la création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu… En effet, c’est en espérance que nous avons été sauvés. Or l’espérance qu’on voit n’est plus de l’espérance » (Romains 8.19-24). Toute la création dépend de l’action humaine. La création nous attend, nous, les humains, les enfants de Dieu. Quelle responsabilité ! Et nous nous sentons facilement écrasés par le pouvoir des États, des multinationales et des milliardaires qui rendent apparemment dérisoires nos petites gouttes d’eau. Nous prenons conscience que nos actions ne suffiront pas à sauver la terre.
Apocalypse : peur ou allégresse ?
Or il s’agit non pas de sauver, mais de découvrir que « nous avons été sauvés » ; jamais par nos propres forces ; d’être révélés à nous-mêmes comme fils et filles de Dieu qui nous fonde. Et parce que nous sommes sauvés, dans l’espérance, nous recevons alors la force d’agir, en conséquence naturelle.
Cette « révélation des fils de Dieu » est dans le grec apokalupsis. Nous entendons des discours apocalyptiques, avec l’idée que le catastrophisme va nous pousser à agir. Mais il peut tout aussi bien nous tétaniser. Or l’Apocalypse dévoile une autre vision, qui semblerait à première vue décalée, inopérante, passive et justifiant l’inaction.
« Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus. Et je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte. » (Apocalypse 21.1-2) La solution est donnée du ciel, c’est une nouvelle création.
L’image vient d’Ésaïe : « Car je crée un ciel nouveau et une terre nouvelle ; on ne se souviendra plus du passé, il ne viendra plus au cœur. Égayez-vous plutôt et soyez pour toujours dans l’allégresse à cause de ce que je crée ; car je crée Jérusalem pour l’allégresse et son peuple pour la gaieté. » (Ésaïe 65.17-18)
Un cœur ouvert à l’amour
Cette création va de pair avec la joie ; c’est l’émerveillement devant la création, l’amour des plantes et des animaux qui fonde l’engagement écologique, et nul discours culpabilisant. C’est le rêve et l’utopie où « le loup et l’agneau auront un même pâturage, le lion, comme le bœuf, mangera de la paille » (Ésaïe 65.25). Entendez-vous dans cette rupture avec le passé le changement radical, la conversion, qui est spirituelle avant d’être écologique, qui s’enracine en Dieu, et qui donne un nouvel élan ?
« Je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un souffle nouveau. » (Ézéchiel 36.25-26) Oui, il faut un cœur généreux, solidaire et juste, au lieu du cœur égoïste et fermé à l’autre, attaché aux idoles du moi, du pouvoir, et de l’argent ; un cœur qui sache aimer. Et ce cœur est un don de Dieu. Et ce cœur nous révèle fils et filles de Dieu, et sauve la terre.
Abondance de vie
Apocalypse 22 s’inspire de la vision d’Ézéchiel, où du temple coule un torrent qui devient un fleuve de vie. « Partout où le torrent arrivera, tous les êtres vivants qui grouillent vivront ; il y aura une grande quantité de poissons, car cette eau arrivera là-bas et les eaux deviendront saines, et il y aura de la vie partout où arrivera le torrent… Près du torrent, sur ses rives, de chaque côté pousseront toutes sortes d’arbres fruitiers. Leur feuillage ne se flétrira pas, leur fruit ne s’épuisera pas ; ils donneront des primeurs tous les mois, parce que ses eaux sortiront du sanctuaire. Leur fruit servira de nourriture et leur feuillage de remède. » (Ézéchiel 47.9-12) Dieu donne en abondance : voilà l’espérance qui nous fait agir.

Festival Terre d’espérance le 17 mai à Oullins
