Un synode régional très animé

Du 9 au 11 novembre, le synode de la région Sud-Ouest s’est tenu au centre universitaire de Foix. Parmi les préoccupations exprimées, la pénurie de pasteurs s’est imposée comme un sujet majeur.
© Muriel de Préval

Dans son message d’accueil, la présidente de région, Anne- Marie Feillens, a ouvert le synode en rappelant à chacun que ces trois jours de réflexion, d’échanges et de débats étaient l’affaire de tous, un travail à mener en commun. Le message a bien été reçu, car le synode que nous avons connu a été particulièrement vivant. Désaccords, attentes et projets ont été clairement exprimés, sous l’œil attentif du modérateur Andrew Rossiter, accompagné de Sylvie Samson et Jean Médilien.

 

Ne rien taire

 

Pour certains conseillers presbytéraux fraîchement élus, ce synode était leur premier. Ils auront donc découvert un lieu de parole apte à régler les problèmes. Après l’appel de l’aumônier Christophe Singer, la lecture de la Déclaration de foi et le message de la présidente de région, des prises de parole ont eu lieu au sujet de la façon dont la condamnation judiciaire d’un pasteur avait été traitée dans notre Église. Cette affaire a occupé une part non négligeable du synode, le samedi et le dimanche. Plusieurs prises de position ont été entendues, et chacun a pu exprimer ses opinions sur le sujet, afin d’analyser l’enchaînement des événements et d’en tirer les conclusions nécessaires pour traiter au mieux ce type d’affaires. Les discussions ont donné lieu à deux vœux, l’un incitant à former à l’utilisation de l’article 26 de la Constitution de l’EPUdF, et l’autre appelant à la promotion au sein des Églises de la Commission Reconnaissance et Réparation. Tous les deux ont été largement adoptés. Autre sujet de préoccupation, l’état des finances a été présenté par Muriel de Préval, la trésorière régionale, qui a ensuite appelé au vote du budget. Chacun a conscience des contraintes budgétaires, dans un contexte de restriction communément partagé bien au-delà de l’Église. Mais les prises de parole, ce sont aussi des annonces de projets, comme ceux d’Espérer pour le vivant, du Grand Kiff ou encore de l’Acat. Autant d’initiatives qui s’efforcent de prendre leur part du travail à mener pour l’écologie, pour l’écoute d’une jeunesse parfois désemparée, et pour le respect des droits humains, sujets qui animeront également les trois séances de travaux de groupe.

 

Faire face à la pénurie de pasteurs

 

Le dimanche a lieu le grand moment du synode : la présentation des vœux. C’est là que s’expriment les volontés les plus déterminées, et l’on peut dire que la teneur des discussions les a bien affûtées, car elles étaient au nombre de douze. La pénurie de pasteurs, constatée par tous, a donné lieu à la décision de supprimer deux postes à Bordeaux, celui du Diaconat et celui du Foyer fraternel – pour des raisons financières et par manque de postulants – mais aussi à une proposition de vœu présentée pour créer une mission d’information et d’évaluation sur le bien-être des pasteurs, anticiper les risques de burn-out et faire en sorte que des pasteurs heureux suscitent des vocations par leur rayonnement. D’autres font part de la difficulté de renouveler le personnel presbytéral, rencontrée par de nombreuses petites paroisses. C’est aussi la façon d’envisager la responsabilité des Églises qui se dessine, à travers des vœux inspirés par les conflits mondiaux, la dégradation du respect des droits humains ou le réarmement massif mondial.

 

Le lendemain, le synode s’achève par le vote des vœux, un culte dont l’offrande sera reversée à l’Action Chrétienne en Orient, et de chaleureux remerciements à François Toulis et à tous les Ariégeois qui nous ont offert ces trois jours de débat et de réflexion dans ce cadre sublime, aux pieds des Pyrénées.

 

C’était leur premier synode : deux visions différentes de l’événement

 

 Propos entendus ici… Je trouve que l’on perd du temps à s’exprimer en faveur de choses qui de toute façon seront décidées à un plus haut niveau. Pourquoi toutes ces discussions, puisque de toute façon ce qui nous concerne directement soit n’est pas adopté soit sera décidé ailleurs, et qu’on nous laisse nous débrouiller seuls pour les problèmes concrets ? Et puis nous n’avons pas le temps de nous informer suffisamment pour prendre les bonnes décisions, en prenant en compte tous les éléments nécessaires. Je pense que la région devrait tout simplement nous dire ce qu’il faut faire, c’est sa responsabilité. Ce serait plus rassurant pour nous, nous nous sentirions guidés et accompagnés, dans une mission qui est exigeante et qui n’est pas facile.

 

et là… Je suis complètement emballée par ce week-end synodal. Cela correspond vraiment à ce que j’imaginais : beaucoup de discussions, de l’écoute, des prises de parole, des arguments. On est convaincu ou pas mais au moins, ça discute et la remise en question fait partie de notre foi protestante. C’est le sens de notre système presbytéro-synodal, et c’est rassurant de voir que cela fonctionne et peut influencer la dynamique de notre Église. C’est une forme de démocratie participative, qui s’exprime par le débat et le vote. C’est très vivant. J’apprécie beaucoup que l’on puisse faire remonter aussi facilement ses problèmes, même si pour certains vœux, je m’attendais à plus d’empathie et de solidarité envers ceux qui vivent des situations très différentes de certaines paroisses où tout va bien.

 

Témoignages de synodaux anonymes

 

Le Conseil régional

 

De gauche à droite : Rémi Droin (Haute-Garonne), Pierre-Alain Jacot (Dordogne), Pauline Jeanmougin (Haute- Garonne, secrétaire), René Blanc (Montalbanais), Véronique Techer-Joliez (Montalbanais), Corinne Rives (Tarn, trésorière), François Toulis (Ariège), Anne-Marie Feillens (présidente), Fidy Rakotozafy (Béarn), Isabelle Montet (Agenais), Ute Gazzini (Guyenne), Philippe Crouzet (Agenais), Sonja Lavaud (Béarn, absente de la photo)

 

© DR

Après la présentation du Conseil régional par Sophie Zentz-Amedro a eu lieu l’imposition des mains

 

© Maximilien Goudet

 

 

 

 

 

 

 

#En région

Dernier numéro

NEWSLETTER

Pour aller plus loin

Des jeunes luthériens d’Europe réunis à Paris pour réfléchir à la paix
Région parisienne
Des jeunes luthériens d’Europe réunis à Paris pour réfléchir à la paix
Du 30 septembre au 3 octobre 2025, la Fédération luthérienne mondiale (FLM) a organisé à Paris un rassemblement européen de la jeunesse sur le thème « Promesses de paix », réunissant 60 jeunes leaders issus des Églises membres des trois régions européennes de la FLM, ainsi que des jeunes d’autres régions vivant en Europe.
Forum des assises œcuméniques de la diaconie : s’unir pour servir
Marseille
Forum des assises œcuméniques de la diaconie : s’unir pour servir
Le 21 septembre 2025, la cathédrale arménienne de Marseille a accueilli le premier Forum des Assises œcuméniques de la diaconie, réunissant plus d’une centaine de participants issus de diverses confessions chrétiennes.
Portes ouvertes à Gordes et à Mérindol
Rhône-Provence
Portes ouvertes à Gordes et à Mérindol
Cette année, pour la première fois, la paroisse de Cavaillon-Luberon a fait visiter ses temples à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. Une expérience très positive.
Quand la toute-puissance humaine s’invite dans l’Église…
Nord-Normandie
Quand la toute-puissance humaine s’invite dans l’Église…
Elle en altère doucement le visage. Ce qui devrait rester un lieu d’humilité et de service devient alors le théâtre des ambitions, des calculs et des rivalités. La logique de l’Évangile, faite de dépouillement et de don de soi, se trouve étouffée par celle du pouvoir, qui cherche à s’imposer, à contrôler, à dominer (Édith Tartar-Goddet).
Charlotte Brosse-Barral : Une pasteure pour relier la catéchèse en région parisienne
Région parisienne
Charlotte Brosse-Barral : Une pasteure pour relier la catéchèse en région parisienne
Pasteure depuis quatre ans, Charlotte Brosse-Barral a quitté Alès pour rejoindre l’Île-de-France. Sa mission : aller à la rencontre des paroisses, écouter, relier, et ajuster les outils de catéchèse entre terrain, service régional et national. Portrait en forme d’entretien.
Sarcelles se retrousse les manches pour la création
Sarcelles
Sarcelles se retrousse les manches pour la création
Le 13 septembre, la paroisse de l’Église protestante unie de Sarcelles a lancé un Clean Challenge autour des artères du temple. Au-delà d’un ramassage de déchets, l’objectif était clair : sensibiliser le voisinage et les passants aux conséquences multiples de la pollution urbaine, dans un cadre stimulant qui mobilise paroissiennes et paroissiens.
Corruption : et si c’était nous le problème ?
Région parisienne
Corruption : et si c’était nous le problème ?
Le paradoxe saute aux yeux. Comment parler de confiance quand la défiance gangrène tout, depuis nos assemblées jusqu’à nos vies intimes ? Ne serait-elle pas devenue le signe d’une grande naïveté ?
Lutter contre les violences sexuelles et sexistes
Provence-Alpes-Corse-Côte d'Azur
Lutter contre les violences sexuelles et sexistes
Les récentes révélations de violences sexuelles au sein de notre protestantisme français nous ont choqués, ébranlés. Comment de tels abus sont-ils possibles au sein de l’Église ?
Initiative dans un temple
Cévennes-Languedoc-Roussillon
Initiative dans un temple
J’ai eu l’occasion de me rendre, par un beau dimanche d’octobre, dans le petit village de Saint-Roman-de-Tousque, sur le Corniche des Cévennes. La place devant le temple embrasse un panorama à couper le souffle. À la fin du culte, j’ai été invité à franchir la porte de l’ancienne sacristie et quelle ne fut ma surprise de découvrir une bibliothèque.