Cette relation dialectique qui doit régir les rapports entre le croire et le comprendre n’a cessé de préoccuper les croyants. Enseigner en Nouveau Testament signifie pour moi participer à ce travail critique d’interprétation et de création dont chaque tradition religieuse a besoin.
Enseigner en Nouveau Testament consiste essentiellement à produire, avec et pour les étudiants, un exigeant travail de distanciation et d’interprétation des textes. Cette gageure nécessite de mobiliser un savoir, un savoir-faire et un savoir-être en constante évolution. Elle appelle le maniement d’un certain nombre de procédures d’analyse critique afin de mettre le texte à distance d’une saisie immédiate (croyante, idéologique ou esthétique), d’interroger nos idées préconçues et nos grilles de lecture en vue d’élaborer un discours éclairant et pertinent sur l’existence humaine.
Cette démarche, sans cesse à reprendre, offre à celui ou celle qui accepte de s’y risquer une interprétation renouvelée du texte, de sa propre compréhension de la foi chrétienne, et de lui-même. Mon travail comporte donc une dimension expérientielle et existentielle que je ne veux pas sous-estimer.
Ma préoccupation est de donner le goût du texte tout en formant des exégètes théologiens. La tâche consiste à mener une analyse critique du croire tel que les livres du Nouveau Testament le présentent. Pour mettre au jour les différentes théologies qui se donnent à connaître dans ce corpus, il faut mener un travail d’intelligence analytique et en rendre compte dans des catégories compréhensibles pour aujourd’hui.
En conséquence, mon travail doit permettre à chacun d’acquérir une méthodologie apte à construire une investigation, tout en respectant la priorité du texte biblique sur toute méthode d’analyse, et d’apprendre à organiser les résultats de l’analyse en un savoir cohérent propre à la théologie. À partir d’une pluralité de textes, quelles compréhensions de Dieu, du monde et des autres se manifestent-elles ?
Venue à l’exégèse biblique par la littérature, ma recherche s’intéresse aux différents langages et systèmes de représentation, à la pluralité des genres littéraires et des imaginaires en présence dans le Nouveau Testament. Mon intérêt porte notamment sur les mises en relation des identités dans l’espace textuel, sur la manière dont ces textes favorisent une expérience de type identitaire pour leurs destinataires à travers la créativité de leurs auteurs.
Mener de telles enquêtes exégétiques, avec toute personne curieuse du Nouveau Testament, offre chaque jour la possibilité de rendre compte de l’événement fondateur, inatteignable et inappropriable de la foi chrétienne.
