C’est durant le week-end des 22 et 23 novembre, à la Maison Familiale Firmin Cabanis de Carnon, que se sont retrouvés les adhérents de la région Cévennes-Languedoc-Roussillon pour leur rassemblement régional annuel. Rendez-vous incontournable et attendu avec impatience par tous les militants de l’ACAT, et temps de retrouvailles fraternelles et conviviales pour la trentaine de protestants et catholiques d’Alès, Montpellier, Mauguio, Clermont l’Hérault ou Perpignan, engagés dans la défense des droits Humains. Mais avant tout, un temps statutaire destiné à désigner les membres de l’équipe d’animation régionale et les délégués à la prochaine assemblée générale, chargés, notamment, d’élire le Comité directeur de l’ACAT. Réunissant catholiques, orthodoxes et protestants, l’ACAT, fondée il y a 50 ans par deux protestantes engagées, est une organisation œcuménique très attachée à ce fonctionnement démocratique impliquant au premier chef sa base militante.
Un temps de formation
Mais, avec comme thème « la défense de l’État de droit », ce rassemblement régional a été aussi l’occasion pour les adhérents de se former à cette question de plus en plus présente dans l’actualité. Depuis l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) en 1948 et la création d’institutions universelles comme l’ONU et son Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme, force est de constater, en effet, que l’idéal de fraternité de l’après-guerre n’est plus la préoccupation des dirigeants. Dans le monde, comme en Europe, l’avènement de « démocratures illibérales » substitue le droit de la force à la force du droit.
En France même, la primauté du droit est de plus en plus remise en question par certains politiques, qu’il s’agisse de l’indépendance du pouvoir judiciaire, de la primauté des traités internationaux sur notre droit interne ou du respect des juridictions européennes. Ainsi la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) à l’encontre de notre pays, régulièrement condamné pour sa politique carcérale ou sa pratique du maintien de l’ordre, est de plus contestée, y compris par certains de nos ministres. « L’État de droit n’est ni intangible ni sacré » a-t-on pu ainsi entendre récemment dans la bouche de l’un d’eux !
L’État de droit, un enjeu pour tous
Pour approfondir cette question du droit et de la justice internationale, les militants ont eu la chance de pouvoir écouter leur ancien président Yves Rolland, magistrat honoraire et membre du comité directeur de l’ACAT et visionner le film WAR AND JUSTICE, un documentaire passionnant sur les 25 ans d’histoire de la Cour pénale Internationale (CPI), ultime mécanisme international pour faire respecter l’obligation de répondre de ses actes pour des crimes contre l’humanité. Luis Moreno (son premier procureur), Karim Khan (son actuel procureur) et Ben Ferencz (ancien procureur des procès de Nuremberg) éclairent les complexités du droit international et permettent de comprendre pourquoi les personnes qui déclenchent des guerres d’agression, source de tous les crimes de guerre, peuvent difficilement être traduits en justice car les plus grandes puissances militaires du monde refusent toujours de reconnaître la compétence de la CPI. Ben Ferencz n’a-t-il pas raison lorsqu’il affirme que le plus grand crime de guerre est la guerre elle-même ?
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