La spiritualité est difficile à définir. Partout, les expériences sont très différentes. Notre être profond peut en être touché et porté par plus grand que lui. Dans notre compréhension chrétienne, la spiritualité, c’est ressentir la présence de Dieu, en repérant dans le quotidien l’extraordinaire d’un événement ou d’une rencontre et, dans l’après-coup, en être émerveillé. Pour nous, il s’agit d’expériences de l’ordre de la grâce de Dieu, de sa liberté, et qui ne nous appartiennent pas. Néanmoins, nous essayons de transmettre notre foi. Or dans ce mot « foi », nous mettons souvent des contenus intellectuels, alors qu’elle est avant tout une confiance qui s’instaure dans le mystère d’une spiritualité. Il semblerait que les enfants y soient plus sensibles, comme l’affirme Jésus lui-même : « Je vous le déclare, c’est la vérité : celui qui ne reçoit pas le règne de Dieu comme un enfant ne pourra pas y entrer » (Mc 10.15).
Une approche par le jeu
Mais la conscience de l’enfant est fragile et, dans notre société matérialiste, est facilement étouffée. Pour Jérôme Berryman, elle peut être stimulée par des pratiques : les récits bibliques, le jeu, la prière, la bénédiction.
La Bible contient des témoignages d’expériences spirituelles. Les écrits cherchent à transmettre à l’aide de mots l’indicible mystère de rencontres, d’alliances et de bénédictions. Les enfants sont donc invités à ouvrir la Bible pour lire les récits. Le narrateur en conte quelques-uns avec des mots simples et les anime avec images et figurines. Ses gestes disent symboliquement les mystères d’une présence. L’approche par le jeu peut surprendre. Pourtant la Bible en parle : « Pendant ce temps, j’ étais à ses côtés comme architecte. Jour après jour, je faisais sa joie, je jouais sans cesse en sa présence, sur le sol du monde créé par lui. Depuis lors, ma joie est d’être au milieu des humains » (Pr 8.30-31). En fait, Berryman s’intéresse au jeu du cache-cache car pour lui, Dieu y joue : « “Où es-tu ?” demande le Seigneur à l’ homme en Éden. Celui-ci répond : “Je me suis caché.” » (Gn 2.9-10). C’est pourquoi la question que pose Dieu revient souvent dans Godly Play, notamment dans une des questions dites « d’émerveillement » : « Où êtes- vous dans le récit ? ». En écoutant le récit de Noé et du Déluge, des enfants disaient être dans l’Arche. L’autre question est : « Où se trouve Dieu ? » Dans le récit de la Grande Famille, Abraham comprend que Dieu n’était pas ici ou là. Il était tout entier partout.
Présence
Quant à la prière, les enfants la vivent, assis avec le narrateur, dans la profondeur d’un instant où le silence s’établit. Une bougie s’allume pour signifier la présence de Dieu. Le narrateur commence à prier à haute voix et sa sincérité permet aux enfants de comprendre le mystère de la communion spirituelle. Puis, les enfants disent librement une parole et choisissent dans une panière un petit objet pour symboliser une intention de prière. Ce temps est suivi d’un partage que les enfants prennent en commun et qui est nommé « festin », pour dire la joie et l’abondance de ce qui est reçu. Enfin, la bénédiction divine que reçoit personnellement l’enfant dans le geste du narrateur prend également toute son importance dans la relation de foi qui peut naître.
