Les mutations de l’EPUDF : Un défi et une promesse

Face à la réalité de nouveaux venus dans l’Église, porteurs d’autres manières de croire, de prier, de vivre la foi, la région parisienne de l’Église protestante unie de France a lancé une mission expérimentale pour mieux comprendre les enjeux d’une Église désormais confrontée au défi – et à la promesse – de l’interculturalité.

Nos paroisses changent. Leurs visages, leurs accents, leurs habitudes de prière évoluent. Ce changement n’est pas seulement lié à l’évolution de la société ou à l’histoire interne de notre protestantisme. Il est aussi nourri par l’arrivée de personnes venues d’autres pays, d’autres Églises, d’autres manières de vivre la foi chrétienne. Parmi elles, on trouve : des catholiques à la recherche d’un espace plus ouvert ou plus participatif ; des évangéliques attachés à une lecture vivante de la Bible ; des pentecôtistes marqués par une prière fervente et une spiritualité plus expressive.
Ces personnes n’apportent pas seulement leur présence. Elles arrivent avec leur façon de croire, leur catégorie de théologie, leur rapport à l’Église, leur compréhension du rôle du pasteur ou de la liturgie. Ce qui se joue ici n’est donc pas simplement une diversité de parcours : c’est une évolution du visage de l’Église elle-même.

 

Une Église polyphonique

Dans plusieurs paroisses, la transmission familiale de la foi s’est affaiblie : les enfants ou les petits-enfants ne
viennent plus. En parallèle, de nouveaux visages apparaissent : des fidèles venus d’Afrique, des Antilles, d’Asie,
ou d’ailleurs ; des chrétiens aux pratiques différentes, parfois très dévoués dans la prière et la vie paroissiale ;
des paroissiens attachés à la tradition de l’EPUdF, mais venus d’un autre contexte.
Ainsi, peu à peu, l’Église n’apparaît plus comme une réalité monocorde, mais comme une polyphonie où chaque voix compte, même si certaines peuvent parfois dérouter.

Des interculturalités multiples

Deux personnes originaires du même pays peuvent avoir des pratiques religieuses très différentes, selon leur parcours ecclésial. L’interculturalité ne se joue donc pas seulement dans les origines, mais aussi dans les habitudes de prière, les attentes envers le culte ou la manière d’écouter la prédication. Certains préfèrent une liturgie sobre, d’autres apprécient une atmosphère plus chaleureuse, avec des chants, des gestes, des prières spontanées. Ces différences interrogent : peut-on vivre une même foi avec des manières aussi diverses ? Faut-il chercher un équilibre ou accepter des styles pluriels selon les moments ou les lieux ?

 

Des questions très concrètes

« Dans les années passées, les premiers arrivants étaient souvent des personnes très insérées dans la culture française. Aujourd’hui, de nouveaux fidèles – parfois moins familiers avec les codes locaux – rejoignent les Églises », observe un conseiller presbytéral. Cela peut créer des malentendus sur la manière de prier, le rôle attendu du pasteur, la participation des fidèles dans les décisions. Doit-on percevoir ces décalages comme des tensions à surmonter ? Ou comme des appels à réfléchir ensemble à ce que signifie « faire Église » aujourd’hui ?
Dans les paroisses concernées, on voit bien que ces questions ne sont pas théoriques. Elles touchent le concret : la vie du culte, les réunions de conseil, la place de chacun dans la communauté. L’Église locale peut-elle rester
la même face à cette diversité ? Ou bien est-elle appelée à évoluer, à trouver de nouvelles manières de vivre
ensemble, sans perdre son identité ?

 

Penser autrement nos Églises

Ce que vivent aujourd’hui un certain nombre de paroisses est un vrai bouleversement dans les façons de croire, de prier, de faire Église. Dans le récit biblique de Pentecôte, des croyants venus de partout entendent le message dans leur propre langue. Cette image peut-elle nous aider à penser nos Églises d’aujourd’hui ?
La région parisienne est particulièrement concernée par cette réalité. Pour faire suite à une orientation du dernier synode régional, le conseil a jugé nécessaire de lancer une mission expérimentale sur la question de l’interculturalité. Le travail mené dans quatre paroisses pilotes – Montargis, Enghien, Versailles, Le Kremlin-Bicêtre – a pour but de documenter ces réalités, à travers l’écoute, la collecte de témoignages et l’analyse de ces contextes locaux. À partir de rencontres, de paroles recueillies et d’une attention portée aux pratiques, un état des lieux sera établi. Il servira de base à une réflexion plus large sur l’avenir de nos paroisses dans un contexte toujours plus multiculturel.

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