Obéir, du latin audire, écouter. Hineinhorchen en allemand, apporte une nuance.
Écouter du dedans
« O vous qui m’écoutez avec foi. Vous pour lesquels ce que je dis ne périt pas, pour lesquels le verbe ne passe pas seulement par les oreilles, mais descend dans le cœur. » (Saint Augustin, Sermon 249)
L’obéissance est d’abord écoute et devient réponse à une parole, un appel. Elle est l’expression d’une liberté. La parole nous rejoindra-t-elle au plus intime de nous-mêmes, ou nous traversera-t-elle pour aller se perdre ?
La réponse qui nous engage relève d’un choix que nous ferons librement.
– Ou nous adhérons, et à l’appel peut répondre une totale confiance portée par des actes : « Abraham partit comme Dieu lui avait dit. » (Genèse 12.4) ; « Il se leva et le suivit. » (Matthieu 9.9-13)
– Ou nous refusons : Jonas, le jeune homme riche…
Quel que soit le choix, la réponse est souvent précédée de brouhaha intérieur, de questions… Comment cela se fera-t-il ? dira Marie.

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Obéir à la Parole de vie
Obéir peut aussi être l’exécution de ce qui est perçu comme un ordre, une volonté d’être en règle avec la loi par peur, lâcheté ou confort. « Ce peuple ne s’approche de moi qu’en paroles, ses lèvres seules me rendent gloire, mais son cœur est loin de moi. » (Ésaïe 29.13) Cœurs tièdes et sans désir… La résistance ou le refus d’obéir à un ordre peut être obéissance à une Parole qui fait vivre et refuse ce qui l’étoufferait. Dietrich Bonhoeffer obéira au seul magistère intérieur de l’Esprit.
L’obéissance comme écoute est une adhésion de tout l’être vécue dans l’intimité du cœur. « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Deutéronome 6.5) Nos façons d’être ou d’agir, de choisir, sont alors incarnation, accordance au souffle de la Parole entendue… « Tout commandement rejoint toujours le commandement du Christ ; l’amour fraternel et l’obéissance se situent dans le règne d’alliance, de communion avec Dieu et avec les frères. » (Enzo Bianchi)
Accomplir sa vocation
Il faut donc entrer en nous-mêmes, écouter, s’accorder, là est la liberté, là est l’obéissance. « Dégager le oui initial de ce qui l’encombre et le retient encore. » (Règle de Reuilly)
L’obéissance devient alors accomplissement de notre vocation, de notre être. Il ne s’agit pas de mon projet, mais de la promesse de Dieu sur moi. Ce n’est pas une question de volonté, mais une vigilance, une ferveur qui laisse vivre la Parole de Dieu en moi. Un désistement pour qu’advienne l’unification intérieure qui conduit à la paix.
Consentement, temps de l’élagage, accordance douloureuse qui ouvrent à la joie silencieuse de la Présence. Combat rude face à nos passions, notre goût de l’avoir et du pouvoir, nos illusions. Consentir, tel est le chemin de l’obéissance. La liberté est à ce prix. Non la liberté de, mais la liberté pour. Jésus, au cœur de la nuit, s’adresse à son père et consent librement au chemin de la croix pour accomplir la promesse.
            
                    