Une belle surprise d’abord : la mise au jour du travail entrepris ces dernières années par les instances dirigeantes de la FPF pour lutter contre les violences sexuelles et spirituelles dans nos Églises et communautés.
Unanimité en demi-teinte
Le sujet, mis à l’ordre du jour en plénière, fait réagir et c’est tant mieux. Certains souhaiteraient que soit mieux prise en compte la réalité des victimes qui ne portent pas plainte : nombreux sont en effet les obstacles qui se dressent sur la voie judiciaire, et délicat l’accompagnement des personnes vers cette étape nécessaire. D’autres espéreraient rendre ce référentiel contraignant pour les Églises ; mais sans pouvoir coercitif sur ses membres, la FPF ne peut guère que déployer des outils pour sensibiliser chacun aux lois de la République.
Le message est clair : lorsque des violences sont dénoncées, la tentation de recourir à des enquêtes internes ou au discernement spirituel doit être écartée au profit de l’écoute des victimes et du recours à la justice dans les conditions prévues par la loi.
Un regret personnel
Il reste difficile d’aborder en Église la question du sexisme, rarement nommé dans ces travaux, bien qu’il soit souvent à la racine des maux identifiés. Le continuum entre violences sexistes et violences sexuelles est pourtant désormais largement documenté au niveau national et au-delà ; et quitte à renvoyer à la loi, pourquoi ne pas en utiliser le vocabulaire, sauf à vouloir en minimiser la portée ?
André Letzel, auteur du chapitre « Anatomie des violences sexuelles » dans l’ouvrage collectif mentionné, l’affirme : « Nous ne pouvons pas évoquer des violences sexuelles sans inclure les violences sexistes […]. Les violences sexistes et sexuelles sont étroitement liées à la place qu’une société ou une croyance donnent à la femme. » De toute évidence, le sujet a encore de quoi inquiéter dans nos Églises quelques consciences bien installées.
Je le constate dans mes visites pastorales : le sexisme n’est pas que de l’histoire ancienne. Vraiment, il y a encore à faire pour que chacun et chacune puisse exister pleinement ; et n’est-ce pas la promesse que tracent les Évangiles ?
Quelques outils
Ont été produits : un référentiel commun sur la conduite à tenir en cas de « violences physiques, sexuelles et spirituelles commises par une personne en responsabilité dans une Église » ; un livre indispensable mis à disposition de tous les participants à l’AG : Comprendre et lutter contre les violences en protestantisme. Des projets sont en cours, notamment la rédaction d’une « Charte des bonnes pratiques pastorales », étape supplémentaire vers l’effective appropriation du sujet par toutes les personnes concernées.
Lire : La Fédération protestante de France agit contre les violences sexistes, sexuelles et spirituelles
La prise de conscience est réelle, à la FPF mais aussi dans des réseaux tels le CNEF (Conseil national des évangéliques de France), qui a mis en place un dispositif « Stop abus ».
Le Groupe Orsay, membre de la FPF, auteur de l’exposition « Femmes d’espérance, femmes d’exception… », réunit des femmes qui réfléchissent et s’expriment sur les thèmes « Femmes – Théologies – Sociétés ».
