La Communauté d’Églises protestantes francophones

Après avoir fait le tour des régions de l’EPUdF et avoir fait un détour par l’UEPAL, le comité de rédaction de Réveil vous propose de partir à la découverte d’Églises protestantes francophones, au-delà de l’hexagone. Christian Seytre nous présente la CEPF.

Nous sommes à Beyrouth, le 16 janvier 2022 ; le pasteur Brice Deymié va être installé comme pasteur de cette paroisse, membre de la CEPF (ex-Ceeefe). Dans la salle, il y a un officier de l’Armée française. Il me dit qu’il a connu la CEPF quand il était enfant et que sa famille fréquentait la paroisse de Moscou. À la sortie du culte, entretien avec le consul d’Argentine, il a connu la CEPF quand il était à Stockholm, puis il est venu à Beyrouth. Il part maintenant à Francfort, où se trouve aussi une de nos Églises… Ces anecdotes illustrent bien comment, des gens qui voyagent, peuvent découvrir qu’il existe un réseau ecclésial international d’Églises protestantes.

 

 

Une histoire de nom en lien avec l’Histoire

 

La communauté d’Églises protestantes francophones a vu le jour il y a plus d’un siècle, sous la IIIe République, le 4 juillet 1903. Certains pensent que c’est la première et la plus ancienne association protestante d’expression française, créée avant même la Fédération protestante de France. Son premier nom était : « Association pour le Maintien et le Développement du Culte Protestant dans les Colonies Françaises et Pays de Protectorat Français ». Il a ensuite changé plusieurs fois.

 

Considérée comme une commission de l’Église réformée de France, elle est devenue une commission de la Fédération protestante de France en 1965 tout en gardant ses propres statuts. Elle a pris alors le nom de Commission des Églises d’expression évangélique française à l’extérieur qui a donné le sigle bien connu CEEEFE.

 

En 2009, elle est devenue la Communauté des Églises protestantes francophones, d’où le nouveau sigle « CEPF ».

 

Elle se compose aujourd’hui de 25 Églises dans le monde, ce qui représente environ 55 paroisses.

 

En France, l’EPUdF, l’UEPAL et l’UNEPREF en font parties et la soutiennent financièrement.

 

Les célébrants lors du culte synodal,

 

le 24 novembre à Djibouti

 

© Christian Seytre

 

 

Une diversité de réalités

 

Les Églises de la CEPF dans le monde ont plusieurs origines. Il y a les Églises d’Europe du Nord composées de descendants de Huguenots qui avaient fui la persécution après la révocation de l’édit de Nantes.

 

Il y a les Églises créées par des aumôneries militaires à l’époque des colonies ; on les trouve en Afrique du Nord, à Djibouti, mais aussi à Berlin.

 

Il y a les Églises d’outre-mer, souvent créées elles aussi à partir des aumôneries militaires.

 

Enfin, il y a celles qui se sont créées parce qu’un pasteur a rassemblé quelques francophones dans un pays où il vivait, et qu’une Église est née ; c’est le cas par exemple de la paroisse de Tel Aviv ou de Johannesburg.

 

Leur particularité est d’avoir un culte en français dans des pays où ce n’est pas la langue nationale (sauf outre-mer). Leur deuxième particularité est qu’elles sont d’origines luthéro-réformées. Cependant, selon les lieux une grande partie de la communauté, si ce n’est la majorité, vient de différents milieux : outre des catholiques, on trouve beaucoup d’évangéliques, de pentecôtistes et de charismatiques. Ces majorités non silencieuses colorent les cultes d’une façon particulière, avec des liturgies pleines de rythme et de spontanéité.

 

 

Des identités propres

 

Chaque Église est autonome et à ses propres statuts. La CEPF n’est donc pas une Union d’Églises ni une Fédération d’Églises, mais une communauté qui rassemble librement des Eglises qui en ont fait la demande et qui ressentent ce besoin d’accompagnement et de communion fraternelle. Certaines suivent une liturgie très réformée, voire anglicane comme à New York, d’autres introduisent la batterie et les guitares électriques pendant le culte ; certaines pratiquent le baptême d’enfant et d’autres le baptême d’adulte ; les positions éthiques sont aussi très différentes d’une Église à l’autre.

 

Certaines de ces Églises sont dans des pays où existe une totale liberté religieuse, alors que d’autres se trouvent en pays musulmans où toute activité d’évangélisation serait considérée comme du prosélytisme et les mettraient en danger.

 

Beaucoup ont développées un travail social reconnu dans les pays où elles se trouvent. À Djibouti, c’est un centre de formation pour les jeunes sans travail ou pour les handicapés, afin de les aider à trouver un métier ; au Maroc, c’est le CEI (Comité d’entraide internationale) pour venir en aide aux migrants ; au Liban la paroisse distribue des paniers-repas pour aider la population, à commencer par les membres de l’Eglise qui ne mangent pas toujours à leur faim ; à Copenhague, une maraude hebdomadaire a lieu pour venir en aide aux sans-abris, etc. Chaque Église tâche donc de répondre aux besoins de la société qui l’entoure.

 

Certaines dépendent aussi du Defap, par exemple La Réunion, la Guyane ou les Antilles, d’autres de l’ACO (Action chrétienne en Orient), par exemple Beyrouth ou Le Caire et Alexandrie, d’autres sont uniquement dans la communion de la CEPF.

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