Vivre sans, une philosophie du manque – Mazarine Pingeot

Le manque est au cœur de l’humanité comme une peur existentielle inscrite dans son ADN?: la peur de manquer de temps, de jours, de vie. La peur de la mort ! Mazarine Pingeot rappelle que cette faille structurante, que la philosophie grecque a longuement analysée, ne peut être « appropriée », « résorbée », contrairement à ce que nous promettent nos sociétés consuméristes.

L’achat, la consommation de biens ne peuvent éteindre notre peur de manquer. Au pire : la consommation l’attise et la renouvelle. Mieux : elle transforme le manque en valeur ! C’est le tour de passe-passe génial du marketing : promouvoir le « sans » : le sans sucre, sans gluten, sans lactose, sans calorie, sans nicotine, sans gras, sans huile de palme, sans contact. L’absence est ainsi devenue une valeur, le manque un objet de convoitise. L’ouvrage de la philosophe est absolument passionnant. Quelques passages sur l’histoire de la philosophie sont un peu difficiles mais ils ne sont pas essentiels à la compréhension fondamentale de l’ouvrage : de son lien avec notre société et de son apport à une réflexion théologique. La lecture de cet ouvrage enrichira les prédicateurs.

 

 

Vivre sans. Une philosophie du manque, Mazarine Pingeot, Flammarion, 2024, 250 p., 21 €

#Culture #Essai #Livres #Spiritualité

Nos titres

Échanges
Ensemble
N°699 - novembre 2025
Le Cep
Le nouveau messager
N°446 - juin 2020
Le Protestant de l'Ouest
N°740 - novembre 2025
Le Ralliement
N°349 - novembre 2025
Liens protestants
N°209 - novembre 2025
Paroles protestantes Est-Montbéliard
N°500 - novembre 2025
Paroles protestantes Paris
Réveil

Pour aller plus loin

Vivre la puissance dans l’impuissance, Pascale Haller-Jahn
Essai
Vivre la puissance dans l’impuissance, Pascale Haller-Jahn
Penser l’impuissance et en dégager une éthique à partir de l’expérience vécue d’une vie d’aumônière hospitalière, elle-même frappée à 24 ans par une tétraplégie, voilà le projet de ce petit livre de "témoignage et réflexion".
Christianisme et écologie : Otto Schaefer
Montécheroux
Christianisme et écologie : Otto Schaefer
Le traditionnel rassemblement du Lomont, le 9 juin 2025, a donné l’occasion aux participants de cet événement régional de se mettre à l’écoute d’une voix qui compte dans la réflexion écologique d’inspiration chrétienne. En effet, Otto Schaefer était le prédicateur invité du culte célébré au temple de Montécheroux ; sa double formation en théologie et en biologie lui confère une indéniable compétence dans les enjeux du débat entre christianisme et écologie.
La naissance, qu’est-ce que ça change ? Olivier Abel
Essai
La naissance, qu’est-ce que ça change ? Olivier Abel
La collection « Qu’est-ce que ça change ? » aborde ici la question de la naissance. Le philosophe protestant Olivier Abel s’interroge sur la façon dont nous recevons la vie donnée ou plutôt imposée car non choisie par nous et pourtant irréversible, et comment nous tentons de l’habiter.
Les monothéismes. Judaïsme, christianisme, islam
Livres
Les monothéismes. Judaïsme, christianisme, islam
Ce livre est tiré d’un cours universitaire donné par l’auteur, publié une première fois en 2006 et mis à jour pour cette nouvelle édition. Il adopte l’approche des sciences des religions pour examiner les différences entre les trois monothéismes (judaïsme, christianisme et islam) en prenant en compte le contexte historique et socioculturel dans lequel ils se sont développés.
Le dépassement des limites
Dossiers
Le dépassement des limites
On peut parler, dans la longue histoire humaine, d’un « moment protestant ». Il tient d’abord à un bouleversement dans le rapport à Dieu, bouleversement sans doute dû à une fréquentation renouvelée des Écritures, mais rupture philosophique aussi dans la conception d’un dieu jusque-là souvent compris comme le sommet d’une hiérarchie cosmique. 
De l’humiliation, Olivier Abel
Culture
De l’humiliation, Olivier Abel
Pour Olivier Abel, l’humiliation est un poison social d’une ampleur insoupçonnée, très dangereux car il agit à retardement. Il en montre avec précision le mécanisme, au niveau personnel et collectif. Il invite à penser des institutions plus respectueuses des personnes.