Œil pétillant, présence chaleureuse et parole cash, Anne-Sophie Léonard pilote la communication de la paroisse de l’Est lyonnais. Et se sent enfin à sa place ! D’origine catholique, elle a toujours été attirée par le protestantisme. Après le journalisme, la communication, des engagements auprès des plus fragiles et un burn-out dépassé, elle se lance avec passion dans un métier émergent : la biographie hospitalière.
En connexion avec Jésus
Anne-Sophie évoque son accompagnement par Jésus dans des choix importants de sa vie. Née en 1967 en Belgique de parents belges catholiques, à 12 ans, elle vit une période très religieuse : « la foi est une évidence. Jésus est Dieu, c’est une certitude » et elle a un coin prière dans sa chambre avec une bougie. Elle fréquente le Renouveau charismatique de 14 à 25 ans, allant jusqu’à animer un groupe d’adultes. Et pourtant Anne-Sophie cherche un sens à donner à sa vie ! À 30 ans, au cours d’une retraite de neuf jours de silence total en Bretagne, elle découvre la spiritualité ignacienne. Cette démarche met Jésus au centre. L’être humain est pris en compte dans sa totalité : corps, intelligence, psychisme, âme. À travers des exercices spirituels, chacun est appelé à découvrir son désir profond. Anne-Sophie, chamboulée, se perçoit comme un être essentiellement spirituel, sans incarnation dans le concret de la vie. Le dernier jour, elle marche sur la plage et entend… Jésus lui demander un « divorce à l’amiable » : « Ne me retiens pas… La vie est au bout »… Anne-Sophie entre alors dans « un désert spirituel » pendant vingt ans, sans pour autant perdre la foi. Plus de prière, plus de messe, plus de sollicitation de l’Esprit Saint pour discerner… Elle plonge dans la vie réelle, se découvre un corps à soigner, s’implique dans des associations : l’Arche auprès d’handicapés, Albatros pour accompagner des personnes en fin de vie, auprès d’immigrés, elle travaille, pratique le cyclotourisme, voyage en routarde, se forme… « Ma foi se fortifie, tout en s’ouvrant, en mûrissant » témoigne Anne-Sophie.
Noël 2015, Anne-Sophie se retrouve seule. Elle s’invite chez Astrik et Gurgen, un couple d’immigrés arméniens sans papiers, hébergés (avec Kima, mère de Gurgen) dans les locaux d’une Église, avec lesquels elle a récemment sympathisé. À l’issue d’une merveilleuse soirée, la Voix qu’elle connaît se fait entendre : « Elle est pas belle ta famille ? » Anne-Sophie est abasourdie, mais, après réflexion, prête à une adoption simple d’Astrik (32 ans) qui donne son accord. Le 16 août 2016, Anne-Sophie devient aussi grand-mère d’Avetik et d’Alex (10 et 8 ans). Elle dit avec bonheur : « ma fille… mes petits enfants ». Une adoption acceptée avec reconnaissance par la mère d’Astrik et avec joie par la mère d’Anne-Sophie.
De la littérature au journalisme
En Belgique, Anne-Sophie a suivi des études de lettres et d’édition. C’est pourtant en tant que journaliste qu’elle est recrutée par l’hebdomadaire catholique belge Dimanche. Qu’à cela ne tienne, elle suit des cours du soir en journalisme et interviewe avec bonheur de 1994 à 2000 des responsables de différentes religions. Puis elle participe à la création d’un magazine psychologie-santé. En 2003, arrivée à Lyon pour retrouver une amie mennonite, Anne-Sophie travaille comme intérimaire au quotidien Le Progrès. Puis, au sein de la direction de la communication du centre hospitalier universitaire, elle modernise et professionnalise le journal d’entreprise et anime le site web. « De belles années » témoigne-t-elle, jusqu’à l’arrivée d’une directrice avec laquelle elle expérimente le harcèlement. À tel point qu’à son grand étonnement, son médecin finit par l’arrêter pour un burn-out qui va durer trois ans. Anne-Sophie se reconstruit en faisant du sport (vélo, natation) en aménageant son nouvel appartement situé dans l’Est lyonnais, et en « travaillant » sur elle.
À la rencontre du protestantisme
Anne-Sophie, prédicatrice laïque @ DR
À son arrivée à Lyon, avec son amie mennonite, Anne-Sophie va à la rencontre des différents protestantismes lyonnais. En 2016, Étienne Tissot, chirurgien des HCL à la retraite, vient la chercher pour entrer dans l’Équipe communication des manifestations lyonnaises autour des 500 ans de la Réforme (2017). Elle entre en contact avec les Églises de la FPF, les pasteurs de Lyon et fait des interviews. Attentive à éviter les discours d’initié, elle travaille à une certaine « vulgarisation » du langage protestant. Le pasteur de la paroisse EPU de l’Est lyonnais, Stephen Backman, l’invite au culte de rentrée. Anne-Sophie dit avoir découvert à l’Espace Monod une vraie qualité d’accueil et le sens de la communauté : « J’ai aussitôt senti que j’étais arrivée à la maison ! » Elle se reconnaît pleinement dans le protestantisme, sans renier ses racines catholiques ignaciennes. Pendant son burn-out, « la présence dans la paroisse m’a aidée à maintenir le cap », dit-elle. Membre de la chorale, après la catéchèse d’ados, Anne-Sophie s’engage cette année dans l’école biblique. Prédicatrice laïque, elle a suivi la formation à la prédication proposée sur Lyon. Elle est particulièrement sensible à la célébration de la Cène où pain et vin sont partagés, tous ensemble, en cercle. Elle y voit « la puissance de la notion communautaire ».
La biographie hospitalière
Autorisée par le corps médical à retravailler partiellement après son burn-out, Anne-Sophie découvre l’association « Passeur de mots » (AURA) et se forme à un nouveau métier : la biographie hospitalière. Il consiste à proposer à des personnes hospitalisées en soins palliatifs que soit recueilli, par un biographe, leur témoignage de vie à destination de leurs proches. L’objectif est la réalisation d’un livret, relu et approuvé par le malade. Celui-ci effectue ainsi une relecture de sa vie et peut envoyer des messages à ses descendants. Être biographe hospitalier conjugue tout ce qui est précieux aux yeux d’Anne Sophie : l’écoute de personnes en fin de vie, l’écriture, l’appartenance à une équipe, celle des soignants. Il lui faut maintenant trouver des financements extérieurs, car les budgets hospitaliers n’ont pas prévu cette activité nouvelle, qui apporte de la paix aux malades, mais reste à faire reconnaître !
