Mariana Erhardt et Mateus Fonseca Pereira : « Fais de ton travail ton ministère ! »

Si les noms de Mariana et Mateus sont connus aujourd’hui dans le champ de l’animation jeunesse de la région lyonnaise, on connaît assez peu ceux qui font rayonner la Mission JEEPP et la Maison d’unité de Lyon.

Leurs noms de famille seuls évoquent une partie de l’histoire du peuplement du Brésil. Les sonorités germaniques du nom de Mariana évoquent des ancêtres luthériens arrivés d’Allemagne au début du XXe siècle. Le double nom de Fonseca Pereira inscrit Mateus dans une famille catholique originaire du Portugal. Leurs origines familiales témoignent des parcours que Mariana Erhardt et Mateus Fonseca Pereira ont eus jusqu’à ce ministère qu’ils vivent actuellement à Lyon. À travers la Mission JEEPP (jeunes étudiants et professionnels protestants) et la Maison d’unité, ils accompagnent des jeunes protestants, mais aussi plus largement chrétiens, voire en recherche spirituelle. Leurs deux parcours témoignent également de la dynamique dans laquelle est engagée l’Igreja evangélica de confissão luterana no Brasil (IECLB – Église évangélique de confession luthérienne au Brésil) depuis quelques décennies.

 

Mariana et Mateus animant une soirée de la Mission JEEPP par vidéo en temps de confinement (© DR)

 

 

 

Brassage des cultures confessionnelles

 

Mariana a grandi au sein d’une famille luthérienne engagée dans son Église et y a suivi l’enseignement religieux jusqu’à ses 16 ans, âge auquel elle a pris des distances avec celle-ci. C’est à la faveur d’une expérience spirituelle personnelle qu’elle retrouve le chemin de l’Église, à 20 ans, avant de se tourner quatre années plus tard vers les études de théologie. « Dès mon retour, j’ai ressenti un appel à “être missionnaire”, à partir, même si je ne savais pas vraiment comment… »

 

Mateus, bien que né dans une famille catholique, n’a pas suivi d’enseignement religieux, « et pourtant, j’ai toujours ressenti que j’avais la foi. » C’est par le biais d’amis du lycée qu’il fait la connaissance d’un groupe de jeunes de l’Église luthérienne, « dans une paroisse très dynamique, avec une grande place faite à l’intergénérationnel. »

 

Au terme du mûrissement personnel de leur projet d’études en théologie, Mariana et Mateus se retrouvent à une année d’écart à intégrer la faculté de théologie luthérienne de Curitiba, dans l’État du Paraná. Les trois États du sud du Brésil (Rio Grande do Sul, Paraná et Santa Catarina) possèdent chacun une faculté de théologie luthérienne. Ces trois États sont ceux qui ont accueilli la plus forte population d’origine germanique qui y a retrouvé un climat plus tempéré que dans d’autres régions du pays.

 

 

 

Réveil luthérien et ouverture au monde

 

La faculté de Curitiba est la plus récente des trois facultés. Elle est née d’une dynamique missionnaire remontant aux années 1960. Les églises luthériennes remontant aux XIXe et début du XXe siècles sont souvent bien implantées dans les centre-ville du sud du Brésil. Mais leurs assemblées principalement issues des familles d’ascendance allemande commençaient à se rétrécir de plus en plus. Une dynamique de formations par le biais de cours du soir des responsables s’est mise en place dans cette Église pour que les communautés locales s’engagent plus à ouvrir leurs portes. « Nous sommes le fruit d’un Réveil dans notre Église, pas tant théologique que pratique, qui cherche à toucher des personnes non issues de la culture allemande. Cela s’est traduit par des changements dans les aménagements des espaces, dans la forme de la célébration du culte… »

 

La faculté de Curitiba est l’héritière de cette dynamique et fonctionne toujours sur la base des cours du soir pour permettre au plus grand nombre de les suivre. « Financièrement, cela permet aux étudiants de pouvoir gagner leur vie tout en suivant les cours. Les études “à plein temps” coûtent l’équivalent de trois SMIC locaux ce qui est inabordable pour beaucoup. Cela permet surtout aux futurs responsables d’Église et aux pasteurs d’avoir un lien avec la vraie vie des gens et avec le monde du travail », souligne Mariana. Le doyen de la faculté l’a d’ailleurs encouragée à « faire de [ton] travail [ton] ministère » se rappelle celle qui travaillé comme couturière, secrétaire, puis dans les finances. Mateus, lui, avait suivi des études de design et a travaillé dans ce domaine pendant ses études.

 

« Cette volonté de former les acteurs de l’Église au témoignage dans la société laisse une grande place à la théologie pratique, à l’anthropologie, la psychologie, la philosophie… Les étudiants sont invités à s’engager dans un stage auprès d’une Église locale dès la première année du cursus et reçoivent des formations pratiques dans un grand nombre de domaine : animation jeunesse, théâtre, musique… » Mateus complète sa formation en partant une année en Norvège, en lien avec la Société norvégienne de mission (NMS) ; Mariana et lui se retrouvent dans la même promotion pour finir leurs études en 2008. C’est cette année également qu’ils se marient.

 

 

 

Implantation d’Église

 

Au terme de leurs études, ils ne s’engagent pas immédiatement un ministère dans l’Église. Mateus donne des cours d’anglais, Mariana continue à travailler dans les finances au sein d’une société et obtient un master dans ce domaine. Quatre ans plus tard, Mariana est appelée en tant que pasteure à plein temps à aller implanter une Église auprès d’une petite communauté à la pointe sud du Brésil. Mateus continuera à donner des cours d’anglais quatre jours par semaine, rejoignant Mariana lors des week-ends. « Pendant cette période, nous avons reçu plusieurs appels de la part du service missionnaire de notre Église, Missão Zero. Et puis, un jour, nous avons reçu un appel pour un ministère en France, par le biais de la NMS, partenaire de Missão Zero. »

 

Cet appel était celui, encore un peu flou dans sa définition, d’une aumônerie auprès des étudiants à Lyon. Mariana et Mateus passent l’année 2015-2016 à Nantes, au sein de l’Église protestante unie de France, dans le cadre d’un volontariat, le temps d’apprendre le français et le temps du discernement du projet et leur inscription dans ce projet. « Ne pas venir avec notre culture, notre façon de voir, mais essayer de traduire, de contextualiser, c’est toujours un défi. » À l’issue du Grand KIFF 2016, Mariana et Mateus rentrent au Brésil pour une année. Cette année permet d’affiner le projet lyonnais pour en faire un véritable lieu de témoignage auprès des jeunes qui viennent à Lyon, quel que soit leur parcours. Cela permet également à Mateus et Mariana de trouver des Églises locales brésiliennes qui se sont engagées à les soutenir financièrement dans cette mission.

 

Depuis trois ans, au sein de la Mission JEEPP, le programme des activités change régulièrement afin de garder sa pertinence auprès des jeunes : « notre formation nous a encouragés à cette méthodologie d’expérimentation : nous testons des choses, mais nous sommes prêts à évoluer si nous constatons que cela ne fonctionne pas ou plus… »

 

 

 

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À l’occasion de la rentrée 2020, la Mission JEEPP a produit une vidéo pour se présenter et présenter ses actions :

 

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