Ensemble, nous nous sommes lancées en juin dans la préparation d’un rendez-vous hebdomadaire en visio de relecture luthéro-réformée des 32 épisodes des 4 saisons disponibles (la saison 5 est en cours de tournage) de la série The Chosen. Nous avons été rejointes à la rentrée par des paroisses du pays de Montbéliard. Ainsi, le projet est devenu régional.
Aujourd’hui, nous sommes sept pour animer en binôme les discussions hebdomadaires, avec les pasteures Christine Urban, Emmanuelle Koré-Zouma et Nadine Heller.
Le soir où nous écrivons ces lignes, nous commençons la saison 2. Nous pensions nous adresser prioritairement aux jeunes : nous avons fait chou blanc. Nous supposons que la visio est un bon moyen pour entretenir les liens entre eux et avec eux, mais pas pour les créer.
En revanche, côté adultes, un petit groupe d’une quinzaine de participants des quatre coins de la Région trouve plaisir à se retrouver régulièrement. Une jeune, en classe de Terminale, est restée, parce que cela répond à son attente de pouvoir échanger avec des personnes plus âgées sur ce qui nous fait vivre. Une autre jeune adulte constate que les lieux d’accueil de trentenaires ne sont pas légion dans notre Église, et que ces soirées en sont un.
Ce qui nous fait rester, c’est le plaisir de pouvoir confronter des avis très différents dans le respect et sans jugement. La série est produite dans les milieux évangéliques nord-américains. Elle ne peut pas laisser indifférent : face à la scénarisation de nos Évangiles, on peut s’enthousiasmer qu’ils soient rendus plus accessibles à nos contemporains, et que ça donne envie de relire les textes bibliques – un constat exprimé par plusieurs participants. La série fournit des outils d’animation très complets, avec les principales références bibliques pour chaque épisode, qui sont jointes aux invitations hebdomadaires avec un lien vers le texte correspondant sur le site https://lire.la-bible.net/ de l’Alliance Biblique Française.
On peut aussi être décontenancé. Les séquences enchaînent les références bibliques hors contexte. La scénarisation peut être déconcertante – Thomas est le négociant en vin qui a prévu trop court pour les noces de Cana – et le miracle de Jésus est un formidable coup de pub auprès de son possible futur beau-père, propriétaire du vignoble. Sans oublier les anachronismes de la Palestine romaine revisitée par Hollywood.
Mais c’est ce qui rend nos discussions intéressantes : les séquences qui décoiffent sont l’occasion de confronter en confiance et dans la bonne humeur nos interprétations plurielles de ce que les disciples de Jésus ont compris et ont voulu nous transmettre. Notre Église est ouverte à de multiples sensibilités, et c’est ce qui en fait la richesse : vivre ensemble en Christ, en communion, tout en sachant que nous ne partageons pas tous la même compréhension de ce que cela recouvre.
L’Esprit souffle où il veut : pour le moment, manifestement, sur d’improbables soirées d’échange qui nous rassemblent tout en nous gardant au chaud au fond de nos canapés.
© Site officiel The Chosen Jonathan Roumie Headshot, interprète de Jésus
