Magalie Schvartz… une pasteure ouverte

Magalie Schvartz, pasteure arrivée du Sud-Ouest, a pris ses fonctions dans le Cambrésis en juillet 2025.

Magalie Schvartz, pasteur Cambrésis

Bonjour Magalie, vous venez d’être nommée pasteure à Cambrai ?

 

Oui, ou plutôt dans le Cambrésis, puisque la paroisse comprend également Caudry, Walincourt, Quiévy… différents lieux de culte regroupés dans une même association cultuelle. Comme je suis arrivée cet été, alors que les activités étaient un peu en sommeil, je me familiarise lentement avec l’organisation de ces activités.

 

Et je crois que cette zone, le Cambrésis, a un riche passé protestant ?

 

En effet, c’est ce qui m’a surprise quand je suis arrivée, car bien qu’originaire de la région, je ne connaissais pas Cambrai. J’ai découvert qu’il y a beaucoup de temples même dans les villages : on sent qu’il y a une histoire protestante qui date de bien longtemps. D’ailleurs il y a plusieurs personnes dans la paroisse qui sont férues d’histoire et qui partagent volontiers cette riche et passionnante page de notre protestantisme.

 

Donc, vous êtes originaire de Lille, en fait, et même de la paroisse de Fives ?

 

J’y ai grandi, c’est vrai. J’ai fait des études d’histoire, puis j’ai travaillé pendant six ans dans une librairie. Ce travail me plaisait énormément et puis j’ai entrepris des études de théologie, partagées entre Strasbourg et Montpellier.

 

Pourquoi ce changement d’orientation ? La vocation ?

 

Oui, c’est cela : vers la trentaine, à un tournant de la vie, quand on réfléchit à ce qu’on veut faire de sa vie, il y a eu cet appel qui ne me lâchait plus, et quand j’en ai parlé à mes proches, ils me voyaient tout à fait dans cette voie.

 

Ce n’est pas évident de reprendre les études quand on est déjà installé dans la vie…

 

Mais les études sont tellement passionnantes ! La première nuit que j’ai passée à Strasbourg avant d’aller à la Fac, j’ai très mal dormi, je me disais : Mais qu’est-ce que j’ai fait ? Arrivée en cours le lendemain matin, j’ai su pourquoi j’étais là, d’autant plus qu’on a la chance d’avoir de bons théologiens. Comme j’avais fait des études d’histoire, j’ai obtenu des équivalences et j’ai pu entrer directement en troisième année ; j’ai juste dû valider des modules de grec et hébreu.

 

C’est quoi la différence entre les Facultés de théologie de Strasbourg et de Montpellier ? C’est une question d’orientation ?

 

Non, non, la principale différence c’est que Strasbourg est une université d’État : ils sont en Alsace-Moselle, donc encore sous Concordat. Mais comme je voulais être pasteure de l’Église Réformée (encore dénommée ainsi à l’époque), on m’a conseillé de poursuivre mon cursus à Paris ou Montpellier, ce qui m’arrangeait aussi parce que celui qui est devenu mon mari était à Toulouse.

 

Et dans ces études, qu’est-ce qui vous a le plus passionnée ?

 

En fait, presque tout ; j’aime étudier et cela ne m’a pas été difficile de me replonger dans les études, et je trouve intéressant d’étudier les grands concepts et l’histoire de la Réforme, pour pouvoir expliquer et aussi retrouver les choses dans les textes, savoir d’où on vient… Parfois on est confronté à des questions de la part des gens qu’on rencontre, et il faut avoir un minimum d’outillage pour pouvoir expliquer, même si j’ai expérimenté plusieurs fois le fait que les paroissiens sont tout à fait à même de témoigner, parce que la vie d’Église, ce n’est pas seulement des concepts, c’est aussi une vie de personnes engagées pour qui tout cela a un sens et qui cherchent, même si la présence d’un pasteur rassure.

 

Mais Cambrai n’est pas votre premier poste ?

 

Oh non ! Cela fait quinze ans que je suis pasteure. Mon premier poste était à Montauban, j’y suis restée six ans, le temps d’un mandat, et ensuite, comme mon époux avait trouvé un travail entre Castres et Mazamet, et qu’il y avait un poste vacant à Castres, j’ai pu le suivre et je suis restée neuf ans dans le Centre Tarn.

 

Et maintenant vous rejoignez le Nord ?

 

Oui, même si au départ j’étais très contente de quitter le Nord, j’ai ici la famille, des amis, quand on m’a proposé le poste du Cambrésis, j’ai suivi la démarche habituelle à savoir rencontre avec le Conseil Presbytéral et célébration d’un culte. Le premier contact tant avec le CP que la communauté m’a plu.

 

Dans le Nord, il y a une brochette de pasteurs tout à fait sympathiques…

 

En fait, je n’ai pas encore eu l’occasion de les rencontrer, même pas ceux du consistoire. Quand on change de région, on ne connaît pas tous les collègues, mais on se rend compte que les problèmes sont partout les mêmes, on essaie de faire vivre le quotidien paroissial, et cela repose souvent sur un petit noyau actif. L’important c’est que chacun puisse trouver un lieu où il est bien et où il puisse avancer dans sa vie spirituelle.

 

Vous avez des activités de prédilection ?

 

J’aime beaucoup les études bibliques, étudier les textes, c’est quelque chose qui me plaît, et en discuter, partager… Ce que j’aime dans notre Église, c’est cette pluralité d’interprétations, où chacun reçoit le texte avec sa sensibilité, et de pouvoir le partager… C’est une grande richesse ! Et préparer le culte aussi. Mais là, j’en suis à la phase découverte de la paroisse, je fais des visites ; le Conseil est assez dynamique et à l’écoute.

 

Autrefois vous chantiez dans une chorale locale ?

 

Oui, je chantais, j’ai toujours aimé chanter, bien qu’à Castres je n’aie pas eu d’activité de chant, mais j’espère en retrouver une à Cambrai. D’ailleurs j’ai déjà pu constater que les paroissiens de Cambrai chantent très bien. Le chant des Psaumes cela me porte !

 

Oui, c’est notre ADN… Et sinon, vous avez des hobbies ?

 

J’aime beaucoup lire ; je lis un peu de tout, c’est assez éclectique ; j’aime bien traîner dans les librairies, parcourir les quatrièmes de couverture, ou regarder les coups de cœur des libraires, et il y a une belle bibliothèque à Cambrai !… J’aime aussi marcher : ça fait du bien au corps, à l’âme, on se retrouve dans la nature. En tant que pasteure, j’ai le temps de prendre le temps. Même à Castres, qui était une paroisse importante en nombre (ce n’est pas pour rien qu’il y a deux postes pastoraux !) et où j’avais d’assez longues journées, malgré tout, je trouvais toujours le moyen de prendre le temps avec les gens, et ça c’est un luxe aujourd’hui, dans notre société. Je m’en suis d’autant plus rendu compte qu’à Castres, j’ai passé le DU pour être aumônier des hôpitaux, j’ai donc rempli un temps cette fonction et cela m’a permis de découvrir une tout autre dimension du ministère ; l’écoute est vraiment primordiale.

 

Et surtout aujourd’hui avec les gens pour la plupart stressés et déboussolés !

 

Oui, on mesure d’autant plus la perte de repères, de références de ces personnes qui n’ont pas eu de catéchèse. Souvent les parents disent : ils choisiront quand ils seront grands : mais si on n’a pas un minimum de connaissances, c’est compliqué de choisir. Quand les gens viennent à nous pour discuter ou viennent au temple pour voir, c’est qu’ils ont déjà fait un choix quelque part. À Castres j’ai été marquée par une discussion avec des catholiques qui nous partageaient le grand nombre d’adultes qui demandaient le baptême. Ils en étaient eux-mêmes surpris et ont mis en place une catéchèse pour adultes débutants. C’est quand même encourageant, cela veut dire que malgré tout, les gens trouvent encore une pertinence dans l’Évangile.

 

C’est vrai que dans notre monde, il faut être courageux pour devenir pasteur, non ?

 

Je crois qu’il y a quelque chose qui nous précède, et on est porté, accompagné. Je n’ai pas l’impression de prêcher dans le désert, il y a la joie, l’accueil des paroissiens qui prennent soin de leur pasteur. Je l’ai expérimenté dans les différents lieux où je suis passée.

 

C’est quoi ce joli bijou que vous portez ?

 

C’est une croix protestante, elle s’appelle la badine, et c’est le bijou spécifique de la région autour de Castres-Mazamet. Il est vrai que les vieilles familles de ce coin-là ont ce bijou plutôt que la croix huguenote. Ce sont les paroissiens de Castres qui me l’ont offerte à mon départ pour que je n’oublie pas le Tarn.

 

 

https://cambresis.epudf.org

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