Ce sera le dimanche 21 septembre, en présence du maire de Cannes et du président de la Société de l’histoire du protestantisme français. Le culte sera présidé par Hubert Bost, qui nous donnera aussi la conférence de l’après-midi sur un sujet qui vous passionnera tous : Du Refuge au Désert : au regard de l’histoire des pasteurs de l’île Sainte-Marguerite.
L’idée d’un mémorial
Le Mémorial, rappelons-le, a été créé en 1950. Il fut inauguré avec le concours de sociétés et d’Églises huguenotes venues du monde entier et notamment des Pays-Bas et de la Suisse, pays qui ont accueilli avec une générosité et un dévouement remarquables les protestants de France fuyant leur patrie à la révocation de l’édit de Nantes. En effet, les descendants de ces protestants français, qui se sont résolus à l’exil et ont fait souche à l’étranger, sont souvent très attachés à leurs racines huguenotes. Et c’est à leur initiative première qu’est d’ailleurs née l’idée d’un mémorial à l’île Ste-Marguerite, où s’est déroulé un point particulier de l’histoire douloureuse des protestants français : l’emprisonnement de six malheureux ministres de l’Évangile quasi totalement oubliés de l’histoire mais dont les noms nous sont parvenus.
Six pasteurs en prison
Ces six pasteurs, en dépit du bannissement dont ils avaient fait l’objet par l’édit révocatoire et sans égard pour leur sécurité, étaient revenus en France pour reprendre leur ministère auprès de leurs coreligionnaires. Arrêtés à Paris, où sévissait la toute-puissante police de Louis XIV, ils échappèrent à la mort pourtant prévue contre tout ministre surpris sur le territoire français, car le roi craignait que le spectacle de leur exécution publique dans la capitale fût contreproductif. Il préféra se débarrasser de ces importuns en les envoyant, pour y être emprisonnés à vie, au fort de l’île Sainte-Marguerite. Il avait à cœur d’en obtenir l’abjuration, laquelle entrait d’ailleurs dans les attributions de leur geôlier. Quel exemple c’eût été pour toutes ces populations protestantes que l’on savait, sans vouloir le reconnaître, converties par la force et donc mal converties…
Une histoire peu connue
C’est à la force de conviction et à l’inlassable activité du pasteur Charles Monod, grand amoureux et metteur en scène de l’histoire huguenote, que l’on doit la création du Mémorial. Placé dès sa création en 1950 sous l’égide de la Société de l’histoire du protestantisme
français, le Mémorial finit par être intégré dans les années 1980 dans le musée de l’île alors désigné sous le nom de musée de la Mer. Cela lui assure une visibilité certaine, puisque des milliers de visiteurs y défilent chaque année. Cependant, l’histoire de nos infortunés pasteurs reste largement ignorée dans la région, victimes qu’ils sont de la culture du secret qui entourait sous l’Ancien Régime tout ce qui avait trait aux prisons, et aussi de la concurrence déloyale d’un codétenu célèbre, le Masque de Fer, personnage à qui l’on prête les identités les plus fantaisistes.
Alors, retenez dès aujourd’hui la date patrimoniale du 21 septembre. Nous comptons sur votre présence !

Le fort de l’île Ste-Marguerite : on aperçoit les fenêtres
des cellules des pasteurs emprisonnés
