En ce début d’été, l’homme de ma combe est pensif. L’année passée, il a déjà remarqué le silence des oiseaux qui hantaient traditionnellement les lieux. Cette année, plus de grillons, seuls les ciels étoilés « grésillent » encore ! ? Si, peu à peu, les éleveurs vendent leurs troupeaux à cause des attaques répétées des loups qui se réinstallent avec l’assentiment du Parc National, les mouches, elles, s’attaquent de plus belle aux quelques habitants qui résistent à la solitude et au vide. Certains se rassurent avec un chien dit « Patou » des Pyrénées, d’autres mettent la clef sous le paillasson. S’il n’y a plus de troupeaux, les sous-bois « s’embouscasseront » (s’ensauvageront). Plus de sentiers, plus de trouées dans les sous-bois. À l’automne, il sera difficile de trouver des champignons ! … Des nouveaux habitants s’installent, emballés par la beauté des paysages et l’aspect farouche des montagnes.
Cependant, sur trois couples venus dans le hameau de l’homme de ma combe, deux sont repartis après deux ou trois ans de présence. Les natifs de ces montagnes n’ont pas un avis favorable envers ces gens qui ne s’intéressent pas à l’histoire socio-culturelle de ces serres Z’et valats. Ils n’achètent rien aux marchands ambulants qui sillonnent le pays : « Ce n’est pas BIO ! » Ils argumentent souvent avec un esprit qui se veut supérieur à celui des natifs, avançant leurs diplômes comme une garantie de leurs connaissances. Dans les chaumières, ils sont appelés ironiquement « les sachants » ! Ils n’apprennent pas l’histoire de nos Cévennes car elle ne motive pas leur intérêt pour ce pays apparemment sans contraintes civilisationnelles.
« Adieux montagnes regrettées, pays recherché par les descendants de Z’ipis, refuge des Z’adistes en attente d’être enrôlés autour d’une « bassine » Z’incongrue. Véganes, végétariens, alcooliques, canabistes et cabanistes, Prêts à changer le monde dit capitaliste, Une nouvelle idéologie vous appelle, L’ÉCOLOGIE a sonné l’heueueure des combats… La victoire, R’en chantant, vous fera découvrir et aimer les nouveaux courants coercitifs politico-religieux, Aujourd’hui craints, adulés et respectés… Esprit qui ne les fait plus vivre, Animeles
pour qu’ils sachent, ceux qui ont Ensemble de l’Aude choisi le retour à la terre, survivre, malgré leur oisiveté, leurs rancoeurs et… leur haine (de soi et d’autrui) ! … »
Toutefois, l’homme de ma combe en connaît qui ont choisi le retour à la terre, sans tambours ni trompettes… Ceux-là serrent les dents en cas d’échecs et ne fanfaronnent pas dans leurs réussites ! … « qu’Espérou, Bougès et Aigoual leur élèvent comme un piédestal… »
Puissent-ils s’inspirer des initiateurs du transcendantalisme (Émerson, Thoreau…). Agnosiques pour la plupart, discrets et humbles en général, ils puisent leurs forces dans une générosité silencieuse et effacée.

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