Être accueillis par l’humanité de Dieu en Christ

Le thème, proposé cette année par un groupe œcuménique de Malte pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, concerne l’hospitalité et l’humanité peu ordinaires des Maltais lorsqu’ils accueillirent l’apôtre Paul et ceux qui avaient fait naufrage avec lui : « Ils nous ont témoigné une humanité peu ordinaire » (Ac. 28,2). Quelle est cette humanité peu ordinaire ?

Pourquoi l’hospitalité est-elle liée à l’humanité ?

 

Aristote refusait de donner le nom d’hommes aux esclaves qui étaient totalement soumis à la nécessité, incapables de délibérer et de prévoir. Il situait la limite entre l’animal et l’humain à ce niveau. Ainsi, l’humain, soumis aux nécessités inhérentes à sa condition humaine, ne pouvait s’en soustraire qu’en refusant l’humanité à celui qu’il soumettait de force à la nécessité. À cette époque, la nécessité faisait partie des limites qui angoissaient l’humain.

 

L’inhospitalité vient souvent de ce que l’autre représente, ce qui en moi m’angoisse et que je n’assume pas. Certaines expériences de mes limites ont pu enfouir en moi des blessures que j’oublie, consciemment ou non, mais qui, pourtant, persistent encore et peuvent ressurgir lors de la rencontre de l’autre marqué par les mêmes limites. Au fond, le refus d’accueillir l’autre avec sa vulnérabilité est le symptôme de mon refus d’accueillir mes propres failles. Je n’arrive pas à m’accepter, à assumer ma propre humanité et risque alors de devenir inhumain.

 

Comment sortir de cette impasse ?

 

La seule solution que Dieu a trouvée, telle que je la lis dans les Écritures, consiste à prendre lui-même le risque de se révéler en Christ, qui se fait humain et l’assume jusqu’au bout, pour m’aider à accepter les faiblesses liées à ma finitude humaine et à être humain à mon tour. En effet, être humain n’est possible qu’en assumant la condition humaine. Il s’agit d’accueillir en moi l’humain véritable avec les limites qui lui sont inhérentes, notamment en étant humain devant Dieu et non comme dieu.

 

Être témoin de l’humanité de Dieu

 

Aujourd’hui, le naufrage peut surgir partout : écologique, psychologique, corporel, spirituel, affectif, politique, économique, institutionnel, etc. Les grisailles ne manquent malheureusement pas. Ce qui est décisif n’est pas tant de partager une humanité envers l’autre, que d’accepter d’être accueilli par l’humanité peu ordinaire de Dieu en Christ. Il nous accepte, en effet, sans condition, tels que nous sommes. Et cela nous donne le courage d’être acceptés, de nous accepter nous-mêmes… Et d’oser dire « je ». En Christ, Dieu s’embarque avec nous, quelles que soient nos galères, au risque de faire naufrage avec nous. Cela nous donne le courage de l’hospitalité, car l’audace du Christ nous invite à assumer nos propres naufrages et à nous mettre à la place de tout naufragé, pour l’accueillir tel qu’il est avec ses particularités, et qu’ensemble nous puissions être déplacés mutuellement… Et choisir la vie !

 

 

 

 

 

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