Seule et pauvre avec un enfant à nourrir dans une période de grande sécheresse, la veuve a déjà donné à boire au prophète et ne peut pas plus. Mais dans cette histoire scandaleuse, il lui est demandé l’ultime. Elle pariera sur la confiance en donnant ce qui lui reste, farine et huile, sacrifiant ainsi sa vie et celle de son enfant pour cet inconnu parlant au nom de Dieu.
L’hospitalité non négociable
Voyant le miracle d’une jarre qui ne désemplit pas, certains chrétiens se sont précipités sur les symboles de l’eau et de la galette de farine pour y voir la préfiguration de la Cène annonçant une résurrection. Plus prosaïquement, l’épisode rappelle la manne, qui chaque jour nourrit le peuple dans le désert qu’il traverse. L’essentiel réside alors dans la suite des gestes qui ponctuent une forme de croissance spirituelle.
Par le don de l’eau, l’hospitalité envers la personne en danger assure sa survie. L’accueil est ici physique et social, un devoir d’hospitalité de la vie de l’autre, sans question, sans préalable car cet autre est un être humain à part entière, quelle que soit la situation ou sa provenance.
Passer de l’intime à l’ultime
La parole d’Élie est mathématiquement impossible. Sa demande de manger ce que la veuve possède comme reste, précède la promesse qu’elle se nourrisse avec… un reste qui n’existe plus. Ici, obéir c’est mourir.
Saisir la folie de cette femme, c’est peut-être considérer qu’elle reçoit la prophétie d’Élie comme un message intime, qui lui fait franchir le seuil de l’ultime, du sens de son existence. Cette image renvoie sans doute à la foi, celle des Hébreux au désert avec la manne. Cette foi qui consiste à laisser entrer au plus intime de soi une parole et une confiance qui affectent l’ultime de l’être humain. À Sarepta, la foi n’est pas une option ou un plus donné à la vie, mais le cœur même de la vie.
