Sud-est de la métropole lyonnaise… Trois paroisses réformées ou luthéro-réformées regroupant 60 à 150 membres lors de leurs cultes. Dans la première, lecture de la Bible, prédication et chants sont en langue malgache bien que tous les paroissiens soient francophones, certains français et nés en France. La deuxième a un public plus mélangé, une majorité d’Européens dont un bon nombre de cheveux blancs, mais aussi des jeunes et des paroissiens d’autres origines géographiques : Afrique noire, Madagascar, Antilles, Inde… C’est la paroisse l’Église protestante unie de France où la durée des cultes est bien maîtrisée. On y chante surtout dans Alléuia avec quelques incursions vers des chants plus contemporains ou exotiques accompagnés à l’orgue mais aussi au piano ou avec d’autres instruments. La troisième est camerounaise, les groupes de femmes portent la robe africaine, prédication et lecture biblique sont en français, mais certains chants sont en langues africaines et les autres tirés des Ailes de la foi chantés jazzy. Le rythme et l’expression corporelle sont très présents dans le chant et la liturgie et l’horaire des cultes très élastique. Ces expressions linguistiques et musicales très différentes résonnent au plus profond de chaque participant et nourrissent sa spiritualité, justifiant l’existence d’Églises différentes.
Une diversité
Si l’on sort du cercle luthéro-réformé, la diversité protestante et évangélique est encore plus grande avec des Églises d’expression africaine très créatives et animées, où l’on est fier de compter les pays d’origine, mais aussi des églises asiatiques (chinoises, coréennes, laotiennes, tamoules…) et des communautés maghrébines. Cet état de fait est la conséquence de l’immigration issue de pays souvent à fortes populations protestantes pratiquantes et de la mondialisation. Pour les populations immigrées, l’adoption des règles républicaines communes ne saurait effacer les spécificités culturelles qui trouvent leur expression aux niveaux familial et associatif, en particulier dans les Églises qui ont un rôle social important dans la plupart des pays d’origine. Les Églises « ethniques » se sont ainsi multipliées dans les grandes villes au point d’être parfois plus nombreuses et plus fréquentées que les Églises françaises.
Pendant longtemps, la culture occidentale a eu une prétention hégémonique, mais le XXe siècle a vu la reconnaissance internationale de cette diversité culturelle. Les missionnaires occidentaux, parfois instrumentalisés par la colonisation, ont pourtant, dans l’ensemble, défendu les populations locales contre ces excès et leur ont permis de recevoir l’Évangile dans leur culture, d’où l’expression cultuelle, partie la plus visible de cette diversité.
Source de richesse
Si l’expression cultuelle est la partie la plus visible de cette diversité culturelle, elle ne doit pourtant pas occulter celle des racines anthropologiques.
La compréhension de la place de l’humain dans sa vie familiale, sociale et dans son environnement naturel peut être très différente du modèle occidental et se traduire par exemple dans certaines cérémonies à l’occasion de décès.
L’Évangile de Jésus-Christ a une valeur universelle et il ne peut rester dans une version occidentale généralisable à toute l’humanité. L’existence légitime de cette diversité culturelle des Églises est une richesse qui nous amène à réaliser concrètement qu’une Église locale ou une confession chrétienne n’est qu’un des visages de l’Église universelle. Elle n’est pourtant pas la justification d’un repli sur soi. Il faut au contraire multiplier les occasions de moments de pentecôte où, dans la diversité des cultures, nous pouvons nous enrichir réciproquement par l’action de l’Esprit. Cela peut se faire de multiples façons : fêtes communes, concerts Mosaïc 1, invitations d’Églises à l’occasion de cultes particuliers, rencontres et actions pour les jeunes communes… et même mariages !
Mosaïc, est un projet de la F.P.F., en partenariat avec le service missionnaire de trois Églises protestantes de France (DEFAP) et la Communauté d’Églises en mission (CEVAA) pour favoriser la rencontre et la collaboration des chrétiens protestants de diverses cultures et de toutes origines.
