Les jeunes au centre

Le rassemblement jeunesse national 2016 de l’Église protestante unie de France (EPUdF) ne ressemblait pas tout à fait aux deux précédentes éditions, à Lyon en 2009 et à Grenoble en 2013, avec de véritables nouveautés qui mettent les jeunes au cœur du projet.

Depuis la première édition en 2009 à Lyon, le Grand KIFF est un événement qui monte en puissance à chaque édition : un presque doublement des effectifs entre l’édition 2009 et celle qui vient d’avoir lieu. En passant le cap de mille jeunes, le Grand KIFF changeait de dimension et une organisation ne reposant que sur les membres du réseau jeunesse de l’EPUdF et leur entourage était insuffisante. Inspirée par le fonctionnement de l’accueil à la communauté de Taizé, naît l’idée d’un Alter KIFF, pour les 18-30 ans, en amont du Grand KIFF. Ce camp de service prendrait en charge l’organisation du rassemblement dans ses différents aspects matériels (accueil, technique et logistique, restauration) et d’animation (spirituel, musique, spectacle vivant et communication). « Nous souhaitions faire appel aux jeunes pour organiser ce grand événement de notre Église, parce qu’ils sont l’Église d’aujourd’hui et non pas l’Église de demain », insiste Marc Schaefer, secrétaire national à l’animation des réseaux jeunesse et coordinateur des différents projets autour du Grand KIFF.

 

Oser faire appel aux jeunes

 

L’Alter KIFF se voulait donc un lieu où faire appel aux jeunes pour toute l’organisation du Grand KIFF, en tenant compte de leurs envies dans le choix de l’un des sept pôles de ce camp de service, et les accompagner dans ces responsabilités. C’est ainsi que chacun des pôles organisait des temps de formation chaque jour de la semaine du 17 au 24 juillet, tout en préparant concrètement, avec les 70 jeunes qui s’y étaient inscrits, l’arrivée de 900 autres jeunes et de leurs accompagnateurs.

 

Faire confiance et accompagner ont été les maîtres mots de ce dispositif, débuté bien en amont par la création de deux postes de volontaires en service civique tout au long de l’année scolaire 2016-2017. Edgard et Lalaji ont ainsi sillonné les neuf régions de l’Église protestante unie de France comme ambassadeurs du projet du Grand KIFF, mais plus largement comme ambassadeurs de l’engagement des jeunes dans l’Église, en particulier par le biais du service civique. « Ils ont véritablement témoigné de la place que l’Église peut faire aux jeunes en son sein », précise Marc Schaefer.

 

Former et accompagner

 

Les kiffteurs sont unanimes : ce qui les a marqués dans ce camp organisé pour le service des 1100 personnes présentes, c’est l’ambiance et la solidarité vécues ! Mais beaucoup, comme Loeiza du pôle musique, ont aussi apprécié d’être sollicités pour participer pleinement à l’organisation du Grand KIFF : « C’est agréable de voir des adultes nous faire confiance. » Jeanne, du pôle restauration, renchérit : « C’est cool de faire ainsi confiance à des jeunes, ensuite de les placer en situation de responsabilité et que les chefs nous fassent réfléchir avec eux à l’organisation même du rassemblement. » Chacun dans leur pôle, ils ont vécu des temps de formation pour les aider à assumer ces responsabilités. Les 70 jeunes ont acquis de la confiance dans ce qu’ils faisaient au fil de ces deux semaines : se produire sur scène, organiser l’hébergement, gérer la restauration, accompagner les jeunes dans l’écoute et la prière… Beaucoup ont aussi trouvé dans la petite communauté qui s’est formée, un soutien, un encouragement dans leur propre foi. Pour Bleuenn, originaire de Bretagne où les protestants sont peu nombreux, « ça met du baume au cœur, on se sent moins seul. »

 

Participer à la réussite du Grand KIFF

 

Du côté des kiffeurs – les participants du Grand KIFF – les remerciements ont été nombreux à l’égard des kiffteurs qui leur ont permis de vivre pleinement les cinq jours du rassemblement malouin. Il y a ceux qui sont reconnaissants au pôle communication de leur avoir donné envie de les rejoindre en publiant de nombreuses vidéos et photos au fur et à mesure de l’installation des lieux. Il y a ceux qui ont été justement impressionnés par le travail de montage des chapiteaux et par l’entretien des espaces communs pendant toute la durée de l’événement. Il y a ceux, tels Maxime et Raphaël de Normandie, qui ont apprécié « les cultes et la symbiose entre les cultes et les musiques adaptées aux jeunes, préparées et portées par des jeunes. » Tous les pôles ont ainsi eu droit à des remerciements nourris.

 

Transformer l’essai

 

Mais les remerciements n’étaient pas la seule valorisation offerte à ces jeunes qui se sont engagés pendant près de 15 jours. Dès le lendemain du Grand KIFF, deux intervenants de la CPCV (Coordination pour promouvoir compétences et volontariat) proposaient, sous forme d’entretiens individuels, de prendre le temps avec les jeunes qui le souhaitaient de valoriser l’expérience acquise au cours de ces journées. Ils ont ainsi permis aux jeunes de décliner, au-delà des tâches réalisées, un spectre de compétences et de qualités mises en œuvre. Ainsi, pour Jean-Daniel Toureille permanent de la CPCV Aquitaine, citant le théologien Gabriel Vahanian, « l’Église doit continuer à être ce qu’elle a toujours été : créatrice d’emplois ! » Un pari réussi pour les 70 jeunes qui ont vécu cette expérience.

 

 

 

 

 

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