Faire vivre un projet, ce n’est pas seulement écrire une feuille de route, c’est, à mon sens, donner une ligne directrice, écouter chaque acteur du projet, concilier ensemble les approches, s’enrichir des différences et être portés par cet horizon qui n’est pas un idéal. Et puis, un projet s’incarne, sur le terrain, dans les personnes, et non pas sur le papier ou derrière une direction.
Un projet est d’abord un travail collectif, qui prend alors du temps d’écoute et de dialogue, le temps aussi d’expérimenter et d’en retirer des enseignements.
Depuis avril 2024, la nouvelle équipe consistoriale est en place, avec des conseillers de l’ancienne équipe et des nouveaux, ainsi qu’un bureau qui a changé de fonctionnement.
En se fondant sur ce que je vous ai proposé le jour de l’assemblée consistoriale élective, nous travaillons depuis plus d’un an sur l’un des axes premiers : retrouver de l’unité dans la diversité. Notre consistoire a été traversé par des divergences d’opinions, d’ecclésiologie, de théologie, et je crois que nous pouvons être un en Christ malgré toutes nos différences. Que nous soyons de tendance libérale ou évangélique, d’un profil paroissial territorial ou d’élection, anciens ou nouveaux paroissiens ou pasteurs dans le consistoire, chacun de nous peut trouver sa place dans une des paroisses du consistoire et se sentir lié à la communauté en devenir du consistoire. Il n’est pas seulement un maillon administratif de notre Église, mais un lien de vie chrétienne dans une perspective protestante réformée.
Cette unité dans la diversité, nous en avons d’autant plus besoin qu’elle fait suite à des années marquées par des conflits divers sur notre territoire. Nous avons vraiment besoin d’apaisement pour annoncer ensemble l’Évangile dans notre compréhension réformée. Nous pouvons le trouver en étant à l’écoute en tant que conseil consistorial de chaque collègue, de chaque paroisse dans leur réalité. La plupart des membres du conseil consistorial sont des laïcs très actifs professionnellement et dans leur lieu d’Église, ils donnent beaucoup de temps au consistoire et à notre Église en général. Et si nous ne sommes peut-être pas encore venus vous rendre visite, cela ne saurait tarder. Nous vous rejoignons avec plaisir pour des moments forts de votre paroisse, quand nous en sommes informés. En raison de mon ministère paroissial, mais aussi du travail de présidence, j’ai été très occupée cette année, mais j’aurai la joie d’être aidée à mi-temps par un pasteur vicaire dès septembre 2025, pour une année, afin de pouvoir (re)découvrir vos lieux d’Église mais aussi pour aller très régulièrement à la rencontre des collègues et discuter avec eux en pastorale de leurs attentes et engagements pour notre consistoire.
Cet apaisement, vous l’avez compris, ne peut passer que par la communication. Se parler et écouter, c’est déjà l’essentiel pour éviter les conflits, les non-dits, etc. Nous avons un moyen de communication déjà existant qui est Le Ralliement et sur lequel nous avons réfléchi cette année. Nous nous sommes interrogées sur la nécessité d’une communication par Internet, de pages plus locales ou régionales sur l’UEPAL. C’est en ce sens que vous avez reçu un questionnaire pour nous aider à cerner vos attentes en termes de communication et pour y répondre au mieux. Vous pouvez y répondre jusqu’à la rentrée.
Les présidences de consistoire se déroulent sur une période de trois ans, renouvelables par un vote de l’assemblée, mais il n’en reste pas moins que c’est une période relativement courte qui demande de l’anticipation et de la méthode pour faire avancer un projet. Durant ces trois années, nous allons faire face à un départ massif en retraite de pasteurs qui sont restés des années, voire des décennies, sur notre territoire. Ils ont marqué de leur empreinte de nombreuses paroisses. Nous avons en plus la chance d’être encore de très nombreux pasteurs. Bientôt, qu’un pasteur soit attaché pour une seule paroisse dans notre consistoire sera presque du passé. Avec la baisse des vocations et les situations de vacances pastorales dans notre UEPAL, nous sommes face à une réalité : le nombre de pasteur ne sera plus jamais aussi important qu’avant. Nous pouvons faire le choix de désespérer de cette réalité ou au contraire y voir le signe pour avancer autrement qu’auparavant.
Les pasteurs vont être appelés dans les années à venir à travailler en équipe, les paroisses à partager les compétences transversales des pasteurs restants et à imaginer ensemble si vous voulez à terme fusionner avec une paroisse voisine ou développer votre paroisse avec un profil particulier (la musique, la jeunesse, les visites, etc.) suivant votre territoire. Le conseil consistorial ne va pas vous indiquer quoi faire, mais vous accompagner dans cette réflexion, puis dans l’action, pour que ce projet soit le nôtre, non pas seulement le vôtre, ou encore celui d’une hiérarchie qui peut sembler déconnectée. Nous allons nous rendre par deux, dans chaque paroisse, pour discuter avec vous de ces projets de paroisse et vous permettre ainsi de trouver un pasteur en adéquation avec votre projet et de renouveler les forces pastorales qui pourraient arriver sur le consistoire.
Dans notre monde marqué par les idéologies et le radicalisme, nous souhaitons apporter la nuance et l’esprit critique du protestantisme réformé et en être un des visages dans notre sud de l’Alsace.
Lors de l’assemblée du 15 mars dernier, un groupe a travaillé sur le nouveau visage que l’on peut donner à notre territoire et je vous laisse lire le fruit de son travail, qui est très intéressant :
« Le groupe de travail a relevé l’importance de prendre son temps avant toute proposition de regroupements entre paroisses, même au sein d’un même secteur. Il convient de veiller à ce que des activités communes soient implantées, des relations créées et entretenues, un sentiment d’appartenance commune développé avant de supprimer (ou de mettre en sommeil) une paroisse, et même de créer une nouvelle situation.
Il faut également distinguer entre paroisses généralistes desservant une zone territoriale et paroisses d’adhésion ou d’élection (c’est-à-dire choisies par les membres indépendamment de leur secteur d’origine). Celles-ci correspondent à des attentes spécifiques (orientation théologique, pratiques diaconales ou liturgiques, etc.) qui sont légitimes. L’important étant que sur un bassin de vie, une complémentarité puisse exister entre les diverses propositions. Il ne faut en aucun cas chercher à gommer ces spécificités mais au contraire réfléchir à leurs cohérences en évitant toute concurrence territoriale afin d’élargir le spectre des propositions faites aux paroissiens (et à ceux qui ne le sont pas encore…)
L’échelle du “bassin de vie” semble la plus pertinente pour cette réflexion à moyen terme parce qu’elle tient compte des flux de circulations réels. Une proposition est faite?: superposer à nos implantations la carte des zones de chalandise commerciale, des territoires de santé, des administrations, des élections et des zones d’affectation des lycées. Se dégageraient alors sans doute des logiques territoriales qui permettraient d’équilibrer les paroisses « généralistes » et les paroisses “d’élection”.
Dans un même bassin de vie, les deux logiques “généraliste” ou “élection” peuvent cohabiter si chacune est bien identifiée et a une masse critique suffisante pour justifier d’un poste ou d’une desserte. Si une seule paroisse existe dans un même bassin de vie, elle doit pouvoir offrir la plus grande diversité d’expressions théologiques et d’activités adaptées à l’ensemble des besoins de la population.
Un retour d’expérience sur les regroupements et collaborations récentes (Vallée de la Thur, Dynamique mulhousienne, Guebwiller/Ensisheim, Huningue/Saint-Louis) est souhaité ».
Nous avons entendu la demande de ce groupe et nous y répondrons en temps voulu.
Je pense que vous l’avez compris, le projet de consistoire se fait ensemble, laïcs et pasteurs, paroissiens et conseillers, traditionalistes et libéraux, tant que le respect des différences est présent et qu’elles ne sont pas un frein au partage. Nous allons expérimenter ensemble ce projet après l’avoir construit et en tirer des enseignements et nos responsabilités. Si vous êtes intéressés par ce projet, parlez-en à vos délégués au consistoire, à vos pasteurs, et invitez-nous pour une rencontre en paroisse si besoin, nous serons ravis de venir vous rencontrer en dehors des grands événements du consistoire.
