L’architecture des temples doit être dépouillée

Dépouillée de quoi ? « De toutes affectations charnelles et tous troubles de sollicitude terrestre », dit Jean Calvin.

Calvin décrit aussi positivement l’architecture des temples : elle devrait aider à la tranquillité du cœur, être une incitation à prier, dans un environnement qui fait honneur à Dieu, qui reste simple et garde un sens de la gravité[1]. Au fond, il s’agit d’aider à se tourner vers Dieu dans une certaine disposition d’esprit.

 

Quand un film inspire l’architecture d’une chapelle (© DR)

 

 

 

Comment l’architecture y contribuerait-elle ?

 

Pas de réponse universelle ici. Dans le désert brûlant, ce sera par un coin d’ombre avec un fil d’air frais sur un sol lisse. En Norvège, ce sera par une protection chaleureuse en bois contre le vent glacé et la lumière sereine des bougies. Dans le quartier pestilentiel des chiffonniers du Caire, ce sera un spacieux amphithéâtre à ciel ouvert, sous une puissante falaise au-dessus de la ville, où l’air est plus pur. Ces exemples ont en commun de disposer notre esprit par nos sens. L’architecture des temples protestants ne le fera pas en nous focalisant sur un objet sacré, mais en nous enveloppant dans un milieu qui nous met à l’écart, nous stabilise, nous centre, nous fait respirer, appelle notre présence et éveille notre esprit, l’ouvre à l’inaccessible en reconnaissant aussi l’existence de la souffrance. Elle peut le faire sans recourir aux grands volumes ou aux effets de puissance.

 

Se concentrer sur l’essentiel

 

Pour concevoir l’architecture de la chapelle de la Faculté protestante de théologie à Montpellier, qui devait s’inscrire dans une ancienne cuisine, je me suis inspiré d’un passage du film L’Avventura d’Antonioni mettant en scène des draps blancs et lumineux flottant autour des personnages. Ces draps sont devenus une voûte blanche ondulante, suspendue au-dessus de l’assemblée, douce au toucher mais découpée par une croix en creux qui laisse entrevoir un jardin. Une façon de reprendre le chapitre 20 (v. 11-18) de l’évangile de Jean. Il s’agit de dépouillement, mais dans une dynamique qui reconnaît les sens et la résurrection.

 

 

 

[1] Relire l’Institution de la religion chrétienne, XX, § 29-32.

 

 

 

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