Exemple anonyme : la statue d’un homme sur la place publique, connu pour son œuvre littéraire, mais qui a un passé lié à la traite des esclaves. Pour les adeptes de la « cancel culture » (culture de l’élimination), il faut tout simplement déboulonner sa statue et rayer de notre mémoire cet auteur.
Si ce mouvement semble récent, la damnatio memoriae* de l’Empire romain nous prouve que l’humanité a toujours, pour des raisons diverses, tenté d’effacer de la mémoire collective certains personnages ou certains événements. Mais jamais suffisamment pour qu’ils disparaissent totalement !

Souvent dans l’Histoire, une partie de l’humanité tente d’asservir ou de détruire une autre partie de l’humanité. Et parmi ces personnes, certaines ont connu des faits de gloire qui ont été mis en avant par des statues, des livres, des tableaux, etc. Mais si nous devions détruire tout ce qui nous dérange, la moitié de ce que l’humanité nous a laissé devrait disparaître. Et nous n’aurions ni la mémoire ni la conscience des fameuses « répétitions » de l’Histoire.
Alors, oui, nous devons tirer les leçons de l’Histoire ; non, nous ne devons pas passer sous silence les actions les plus honteuses de certaines de nos gloires. Mais pour pouvoir réfléchir, prendre du recul, ne serait-il pas plus pédagogique de ne plus rien cacher de la face sombre de certains de nos héros nationaux ? Enseignons les faits de gloire et les horreurs, inscrivons devant les statues la totalité de l’Histoire et laissons agir la liberté de conscience de tous. N’effaçons pas la mémoire de l’humanité.
*Elle vise le plus souvent un·e puissant·e, et consiste à annuler ses honneurs, à effacer son nom des monuments publics, des monnaies, voire à renverser les statues le/la représentant.
