Le « isme » marque la cohérence de l’approche que l’on défend et délimite une philosophie, une compréhension du monde ou une idéologie.

Des frontières se mettent en place
Comme en géographie, cette notion de limite est importante et chaque système de pensée est conduite avec le temps à en préciser les contours. Ce faisant, le « isme » marque peu à peu des frontières plus normées. Le Credo en est un exemple chrétien. Cette confession dite « universelle », construite pour définir plus précisément la foi, a aussi évacué une bonne partie des chrétiens de l’Antiquité qui ne partageaient pas tous ses concepts et se sont retrouvés hérétiques. L’Église du Christ devenait christian-« isme ».
Un émiettement des pensées
La société contemporaine a vécu et vit encore la fin des systèmes qui se pensaient universels. Pour ne parler que de périodes proches, communisme ou nazisme subsistent encore, mais concernent une frange restreinte de la population. Le libéralisme est aujourd’hui relativisé par la mise en place d’un ordre mondial plus complexe. L’émiettement des « ismes » semble être une marque de ce siècle, qui engendre des conséquences – entre autres la crispation de chaque système sur ses limites.
Retourner au dialogue
Platisme, créationnisme, wokisme, ces termes sont récents. Leur idée maîtresse, aussi légitime soit-elle, se partage dans une militance qui évacue d’autres possibles, rendant le dialogue difficile. Au lieu de se construire sur des principes partagés ou à négocier, le monde occidental produit des mouvements dont la dureté des frontières segmente la société. Sans doute est-ce inévitable et utile à l’évolution de la civilisation, sans doute ces mouvements s’ancrent-ils dans des sentiments d’urgence, qu’elle soit climatique, économique, spirituelle ou autre. Les « ismes » marquent cependant des territoires de pensée qui figent parfois les approches par rejet de cette altérité que souvent elles défendent.
