Défi climatique et rénovation énergétique

Dans le massif du Mont-Blanc, la mer de Glace disparaît. Selon les glaciologues, le mythique glacier a perdu pas moins de trente mètres d’épaisseur depuis 20221. La fonte de nos glaciers ou la raréfaction de la neige (2) en moyenne montagne rend manifeste dans les Alpes le réchauffement climatique qui les menace. Les paroissiens d’Arve-Mont-Blanc sont témoins de tout cela.

Le territoire sur lequel s’étend notre paroisse est fébrile, exposé à la pollution atmosphérique, à celle des sols et des eaux, effets conjugués de la densité de population, de la concentration d’activités industrielles, du trafic autoroutier intense entre la France et l’Italie, mais aussi des modes de chauffage à impact carbone élevé, propulsant régulièrement la vallée de l’Arve en état d’alerte pollution aux particules fines, devenant la « vallée
la plus polluée de France » selon les médias. À Chamonix, l’Église réformée se situe aux avant-postes d’un désastre écologique majeur qui se profile dans les Alpes, mais la paroisse ne se résigne à aucun fatalisme.

 

Jour d’inauguration pour le temple
rénové de Chamonix ! © Simon Fitall

 

 

Des travaux conséquents et militants

 

En 2020, la question de rénover notre temple et le presbytère ne pouvait plus attendre. Le conseil presbytéral, sous l’impulsion du regretté pasteur Romain Gavache, a alors confié l’étude d’un projet à un cabinet d’architectes locaux, et très vite des solutions efficientes de rénovation énergétique se sont imposées à nous. En cohérence avec le témoignage qui est le nôtre, de l’amour que Dieu porte à l’humanité comme à l’ensemble de la Création, un engagement fort et des choix responsables de notre part pour la sauvegarde de notre environnement ne pouvaient eux non plus être remis à demain. Dès lors, nous avons décidé de l’isolation thermique des murs et des combles, du remplacement des fenêtres et de leurs encadrements et de l’installation d’un chauffage par géothermie. Jusqu’alors, le temple était une « passoire thermique », chauffé par des radiateurs électriques peu efficaces. Les cultes hivernaux avaient donc lieu au rez-de-chaussée du presbytère, à peine chauffé par une antique chaudière au fioul (3 500 litres par an !).

 

La nouvelle installation permet de chauffer le temple et le presbytère et nous pouvons enfin accueillir chaleureusement les paroissiens dans notre temple toute l’année, même au plus fort de l’hiver chamoniard. La chaleur est extraite d’un puits géothermique qu’il nous aura fallu forer sous la surface du sol. À l’inverse, en été ce puits permet de rafraîchir l’air. Notre chantier aura duré près d’un an et demi et nécessité un investissement d’1,5 million d’euros au total, en incluant à la fois la rénovation énergétique et l’aménagement du temple et du presbytère. L’installation du chauffage par géothermie représente un coût de 143 000 €, ouvrant droit à une subvention de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

 

Il reste tant à faire

 

Le temple rénové a été inauguré en septembre 2024, en présence de Robin Sautter, président de la région Centre-Alpes-Rhône. Il reste cependant encore beaucoup à faire pour intégrer le respect de l’environnement dans le quotidien de l’Église, à travers le choix de la sobriété pour notre consommation, le recyclage et le développement de projets futurs : le chemin se poursuit devant nous. Pour financer ce projet, il aura fallu rationaliser notre parc immobilier, en cédant un ancien presbytère dont nous perdions l’usage. Il nous aura ainsi fallu accepter de nous séparer de l’héritage du passé pour mieux trouver une issue vers l’avenir. Nous départir de nos habitudes, nous défaire du poids de nos trésors et nous risquer à concevoir un autre monde… n’est-ce pas là une voie sur laquelle le Christ nous a précédés et qu’il nous faut explorer face au défi climatique ?

 

(1) Selon une étude menée en 2024 par une équipe de scientifiques appartenant à l’association Legambiente.
(2) Selon une étude publiée en 2024 par l’International Journal of Climatology, entre 1920 et 2020, les chutes de neige dans les Alpes ont baissé de 34 %.

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