Flemming Fleinert-Jensen
Flemming, qui êtes-vous ?
J’ai passé la moitié de ma vie au Danemark, l’autre moitié en France. En France notamment comme professeur au Centre d’études œcuméniques à Strasbourg, ensuite comme pasteur à Versailles. Il se trouve que j’ai presque toujours alterné entre la chaire universitaire et la chaire pastorale – par goût, mais aussi porté par la conviction qu’il existe un lien organique entre les deux.
Entamer des études de théologie, au lieu de celles de droit, ce n’était pas pour devenir pasteur. L’aimant était la diversité des disciplines théologiques et leurs répercussions culturelles : l’exégèse biblique avec l’hébreu et le grec, l’histoire de l’Église incorporée dans l’histoire générale, l’évolution de la doctrine chrétienne, la philosophie et son impact sur la réflexion théologique et les questions éthiques.
Par un concours de circonstances diverses et variées, l’œcuménisme a également pris une place importante. En France par mon travail à Strasbourg, par un grand nombre d’années au Groupe des Dombes, par un enseignement à l’Institut catholique de Paris et par de multiples activités sur le plan pastoral.
Pour(-)quoi écrivez-vous ?
De temps en temps un livre est paru. Le plus souvent spontanément, mais aussi dicté par le souhait de partager avec d’autres ce qu’on pense, bien prétentieusement, être capable de produire.
Quelle est l’histoire de ce livre ?
Le dernier, Les frères de Thessalonique, n’est pas un commentaire au sens traditionnel, plutôt un essai sur l’écrit chrétien le plus ancien connu, à savoir la première lettre de Paul aux Thessaloniciens, rédigée une vingtaine d’années après la mort de Jésus.
Dans la première partie, je ne pars pas de ce que Paul a pensé en écrivant cette lettre mais essaye de me mettre à la place des membres de cette Église naissante au moment où ils la reçoivent. Le procédé consiste à raconter, imaginer, méditer leurs réactions et de relater ce qui a marqué leur écoute et leur lecture, leur joie et leurs interrogations, tout en laissant un espace libre pour des commentaires sur l’arrière-plan culturel et religieux.
Dans la seconde partie, ce côté narratif cède la place à une reprise de thèmes directement abordés dans la lettre : l’attente du dernier événement de Jésus (la parousie), la résurrection des morts, le jugement dernier, le royaume de Dieu. Il s’agit là de tenter une réception actuelle de ces quatre thèmes qui, ensemble, constituent le noyau de la lettre. Une interprétation possible, et donc ouverte, en lien avec l’intuition originelle des premiers auteurs chrétiens et notamment avec Paul qui mieux que personne était conscient des limites de notre connaissance en ces matières.
Ici une phrase de Søren Kierkegaard joue un rôle majeur : « Le christianisme est esprit. » Bibliquement parlant, l’Esprit est inséparable de Dieu, et sur un autre plan, l’esprit est en tant que pensée et parole le marqueur significatif de l’humain. À partir de ces observations, il n’est pas abusif de considérer le christianisme comme l’histoire entre l’Esprit de Dieu et l’esprit de l’homme. Ce qui permet d’associer les quatre thèmes cités à l’œuvre de l’Esprit, non pas pour les « expliquer », car elles échappent à toute représentation objective, mais sous forme d’une tentative de parler de ce dont on ne peut parler. Une exploration qui ne peut être que directionnelle : qui propose un chemin, dont personne n’aperçoit clairement la fin.

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