De la théorie à la pratique : Rencontre avec Robin Sautter

Robin a été président d’Église verte et est maintenant président du conseil régional de Centre-Alpes-Rhône (CAR). Nous l’avons rencontré pour l’interroger sur la façon dont notre Église peut passer de la parole aux actes et sur les outils qui existent pour effectuer ces changements.

Robin_SautterRobin, as-tu l’impression qu’il y a des évolutions au sein de l’EPUdF concernant la relation à l’écologie et la mise en place de projets concrets ?

Je constate que, dans l’Église, les enjeux écologiques prennent de plus en plus de place : dans les conversations, les liturgies et les prédications. Désormais nous pouvons constater par nous-mêmes la réalité des changements climatiques et par conséquent le sujet devient moins « clivant » : il ne s’agit plus de points de vue, il s’agit d’une réalité incontestable.

En me présentant à la paroisse de Romans, dans la Drôme, en 2016, les paroissiens avaient été surpris que j’insiste sur la dimension spirituelle de la crise écologique. J’ai l’impression qu’aujourd’hui le lien semble plus évident : que ce soit en termes d’engagement pour la justice (rapport à la loi), de rapport au Dieu créateur (louange), ou de plaidoyer (proclamation prophétique et espérance), chacun·e perçoit facilement le rôle que les chrétien·ne·s peuvent jouer dans le monde. Pourtant, les décisions et les textes du synode de 2020 sur l’écologie sont très peu connus et je me réjouis de la perspective du festival Terre d’espérance le 17 mai 2025, à Oullins, près de Lyon, qui permettra à chacun·e d’approfondir ces sujets.

 

 

Comment pourrait-on passer de la théorie à la pratique au sein des Églises locales ?

Église verte reste l’outil idéal. S’il y a quelques personnes motivées dans une Église locale pour porter ce défi, il suffit qu’elles soient mandatées par le conseil presbytéral pour faire un état des lieux et bénéficier de l’encouragement de l’équipe Église verte. Cette équipe fait un travail extraordinaire et aide l’Église à se sentir moins seule et moins dépassée par rapport à l’immensité des enjeux. Tous les changements sont difficiles, en particulier les changements d’organisation et même encore plus les changements de mode de vie. Pourtant nous n’avons pas le choix, nous ne pouvons pas nous contenter de faire comme on a toujours fait. Par ailleurs, nous qui sommes si fiers d’être une Église qui se réforme sans cesse, le changement ne devrait pas nous faire peur, non ?

 

 

L’Accord de Paris en 2015 s’était fixé une augmentation de la température limitée à 1,5 °C… Est-ce que l’EPUdF pourrait se fixer des objectifs à court terme et réalisables ?

Pas facile pour notre institution si fragile et si disséminée d’entrer dans une logique comptable en termes d’empreinte carbone. Cela dit, des outils existent et cela peut être très intéressant de le faire à l’échelle d’une Église locale, ou en utilisant le parcours « Famille » d’Église verte qui aide chaque famille à s’engager. Au niveau de la région CAR, nous ferons le point lors du festival Terre d’espérance. Une équipe régionale « Écologie et justice climatique » se mettra peut-être en place… À bon entendeur salut !

 

 

Enfin, comme tu es le pasteur à vélo (!), est-ce que tu penses qu’on pourrait envisager une aide à l’écomobilité des pasteurs ?

Effectivement la mobilité est un sujet qui me tient à cœur. Je considère que la voiture personnelle est l’objet qui illustre le mieux à quel point l’humanité s’est fourvoyée en croyant que les progrès techniques seraient nécessairement synonymes de libération. Aujourd’hui le modèle automobile détruit littéralement notre environnement immédiat et lointain, et la plupart de nos contemporains ne peuvent plus vivre sans. Cela ne s’appelle pas de la liberté, cela s’appelle de la dépendance !

La mobilité des pasteurs reste, je pense, une nécessité incontournable : il vaut mieux déplacer un pasteur ou un prédicateur plutôt que toute une communauté. Je n’ai plus de voiture personnelle depuis 18 ans et j’ai pris l’habitude, depuis que je suis en CAR, d’utiliser un service d’autopartage qui est en train de s’implanter dans de nombreux endroits. Ce système est vertueux, car il pousse à chercher d’autres solutions chaque fois que cela est possible : marche, vélo, transports en commun, covoiturage… C’est aussi un allégement énorme de gestion pour les paroisses : plus besoin d’entretenir un véhicule !

 

 

Et pour terminer sur une note super positive ?

Pour finir, je voudrais d’ores et déjà remercier l’équipe qui pilote la journée Terre d’espérance. Le programme qu’elle a concocté est magnifique et apportera, j’en suis sûr, une nourriture spirituelle vivifiante et encourageante pour toutes les Églises de la région et au-delà !

 

Festival Terre d’espérance : pour l’avenir des humains et de la planète

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